Vous pensiez avoir tout vu, tout fait, même le pire, comme louper son avion à Barcelona au retour de vacances et être coincée à l’aéroport avec un chieur qui hurle? Petits joueurs… Nous on l’a fait notre pire journée de voyage, c’était mardi 26 avril.
La principale raison d’aller au East Cape, paysages mis à part, c’était de voir le premier lever du soleil du monde. La Nouvelle-Zélande est le premier pays de la planète à voir la lumière, et par définition ça commence par l’Est. Donc on avait tout prévu pour se lever tôt et aller voir le spectacle. Mon réveil sonne à 4h30, j’ouvre un oeil, et une oreille… plic ploc plic ploc (en trois fois plus vite)… heavy rains comme ils disent ici. Bon, tant pis on se rendort, c’est dommage, mais c’est comme ça.
Une fois prêts à partir, à une heure normale, on dit au revoir à nos hôtes et on rentre dans la voiture. Je fais tout de même remarquer à Sylvain que ça ne démarrera jamais vu la gadoue qu’il y a dans le jardin. Mais naaaaan! Ouais, ben, le fils de la proprio a quand même dû nous remorquer avec son 4X4, avant de nous demander avec un grand sourire pourquoi on s’était garé là. On s’est tout de même gardé de lui dire que la manœuvre aurait pu être facilitée si on avait enlevé le frein à main dès le début… ah ces automatiques!
Allez hop, on est parti, il pleut, mais ça va le faire. Attention, la route est un peu – beaucoup – inondée! Ouais, ça passe. Comme un bateau. Pour ceux qui s’inquiètent, non, ce n’était pas moi qui conduisait… Attention, y a des arbres qui tombent devant nous! Ça va, ils ne sont pas tombés sur la route…
On s’est arrêté dans un petit café en bordure d’océan, où la vendeuse nous dit de faire gaffe aux « flood » et aux « wash out« . Merci, on a vu. Et on continue le long de la Côte Est, malgré la pluie et le vent. Avant de s’arrêter net à Omaio, sur le parking d’une supérette. Devant nous la route est inondée. Le problème c’est que c’est un creux, donc y a des risques que ça ne passe pas… Euh… On fait quoi maintenant? Ben on attend, on voit si y en a qui passent. Deux voitures s’y risquent, puis quelques 4X4. Après une discussion avec un gars d’Annemasse – normal – coincé comme nous, on décide de s’y risquer. Nan. Les 4X4 reviennent, devant nous ça passe, mais à un kilomètre c’est presque un lac et là on ne passera pas du tout, car eux n’ont même pas tenté. Il faut mieux attendre demain. Ou rebrousser chemin. La solution numéro 1 n’est pas envisageable, Sylvain bosse à 7h à Taupo le lendemain matin. Se retaper les 250km jusqu’à Gisborne et encore 300km jusqu’à Taupo alors qu’il ne nous en restait qu’à peine 200???
Je vous laisse deviner ce qu’on a fait, et l’ambiance dans la voiture après… Toute personne n’ayant jamais conduit en Nouvelle-Zélande ne peut pas comprendre. Il n’y a qu’une route pour aller d’un endroit à un autre, une sorte de nationale limitée à 100 km/h, avec pleins de virages tout le temps, qui ralentissent pas mal l’allure. Ce qui fait qu’on ne va jamais bien vite, et qu’on fait 300km en 4h30…
Arrivés à Gisborne vers 17h (partis de Omaio à 13h…), je chantonne, on a fait presque la moitié! 10km plus loin, un panneau lumineux « SH2 closed because of flood« . C’est notre route, direction Napier puis Taupo… On s’arrête chez des commerçants qui nous disent que tout est bloqué et qu’il faut passer la nuit à Gisborne… Ne pas craquer. Ne pas craquer. Retour sur Gisborne, direction le poste de police. Le flic n’en a rien à faire, et nous dit qu’il y a bien une autre route, plus rapide, mais qu’ils attendent encore plus de heavy rains, donc c’est à nos risques et périls. Ne pas craquer. Ne pas craquer! Tant pis pour les risques, on tente, on n’a pas vraiment le choix, car pour tout un tas de raison, il fallait mieux que Sylvain soit au taf à 7h le lendemain.
Il fait nuit, on ne peut plus compter les moutons et on ne capte que la radio maorie à laquelle on ne comprend strictement, alors on joue au jeu de devine à qui je pense… pendant deux heures et demi! Tout y est passé… notre motivation aussi… mais on croise les doigts parce qu’il pleut toujours, jusqu’à ce qu’à 22h on aperçoive enfin les lumières de Rotorua. « Terre!!! Terre!!!! » hurle mon coéquipier, « je comprends enfin ce qu’à ressenti Nicks Young en débarquant sur les côtes néo-zélandaises y a deux cent ans… »
On commence à chanter « Hotel California », à compter les quelques kilomètres qui nous séparent de Taupo, quand on est encore arrêté par un panneau « Road closed« ! Ils le font exprès??? 40min de plus… Arrivés à 23h10, après 12h de route en une journée et un total de 1350km en deux jours et demi.
Plus jamais ça.
En violet la route faite dimanche, lundi et mardi matin.
En noir la route faite mardi aprèm.
Les deux croix rouges sont les routes coupées, la plus grosse est à l’endroit où on a été bloqué en premier. Ça donne envie hein?