Ambiance: Cat Groove – Parov Stelar (à écouter sans modération pour cet article)
Festival estival
Un été sans festival c’est un peu comme de la tartiflette sans reblochon, il manque l’ingrédient essentiel. Peu importe le travail et les disponibilités, j’arrive toujours à poser un jour et motiver des amis pour une petite virée musicalo-festive. Lors de mon séjour en Nouvelle-Zélande, j’avais eu la chance d’être bénévole au WOMAD festival et de bosser en backstage avec The 17 Hippies ou Amadou et Mariam. Depuis mon retour, je n’ai pas vraiment pris le temps de retenter cette expérience assez intense d’immersion bénévole dans un festival, mais j’ai néanmoins pris des pass 3 jours aux Solidays, et j’suis allée faire un tour à Jazz à Vienne, aux Nuits de Fourvière à Lyon, à Avignon, au festival Interceltique de Lorient, etc. Et, entre autres, le Main Square Festival à Arras, dans le Nord, où on est revenu cette année avec des amis, pour la deuxième année consécutive.
Main Square Festival
Au Main Square Festival de cette année, c’est bien simple, il y avait tous les groupes que je souhaitais voir en concert cette année. Jack Johnson, John Butler Trio, Woodkid, Rodrigo y Gabriela, Stromae, the Black Keys, Detroit, The Parov Stelar Band, M, etc, etc.
En mars dernier, lors du choix de notre destination pour le festoch de l’année – choix cornélien, Eurockéennes, Vieilles Charrues ou Main Square? – on a misé sur la programmation. Et la proximité (en mettant Rock en Seine et Solidays à part). Oui, en effet, le Main Square est un festival de Parisiens, qui commence dans le TGV le vendredi midi, où les tentes Quechua 2secondes sont entassées dans les allées, au milieu de jeunes gens qui troquent peu à peu leurs chemises et ballerines pour des jeans destroy et des converses. Situé à la frontière, on y retrouve également énormément de voisins, et ça parle Flamand et Anglais dans le camping, au milieu de drapeaux belges, néerlandais, allemands, et bretons, bien sûr.
C’est comme ça qu’une fois encore, on s’est retrouvé pendant trois jours dans la magnifique citadelle d’Arras.
A Arras, comme dans beaucoup de villes du Nord, il y a une grande citadelle Vauban, classée. Et c’est là qu’ont débarqué les 135 000 festivaliers. Deux scènes ont été dressées au milieu de ce lieu grandiose, quelque peu gadoueu et glissant cette année. Puis, pendant les quatre jours ça saute et chante dans tous les sens, au rythme des basses et des titres entonnés par la foule. L’atmosphère y est vraiment sympa, multiculturelle comme je le disais plus haut, et avec des gens de tout âge.
Musique!
Parfois on vient à un festival pour voir certains artistes – moi, en tout cas – et on repart emballé par d’autres. Cette édition n’a pas fait exception.
Une première soirée particulière, commencée sur la Grand Place à regarder le match France-Allemagne, avant d’aller noyer sa peine dans la bière de festoch et attendre the Black Keys avec impatience, pour les découvrir bien moins intéressants en live qu’en CD. Essayer de passer sur la Greenroom, la plus petite scène, pour tenter d’apercevoir Woodkid, sans succès. Et finir en danse désordonnée devant le show de basses de Skrillex, jusqu’à ce que nos jambes n’en puissent plus (assez vite, vu la pluie qui était tombée avant).
La deuxième soirée commence dans l’après-midi, après avoir renfloué notre estomac dans un estaminet local près de la Grand Place (c’est ce que j’aime aussi à Arras!). Premier coup de cœur du weekend – revu trois jours plus tard au Festival Soirs d’été Place de la République à Paris: John Butler Trio, qui nous a joué son dernier album, et quelques classiques. Un australien, au look de hipster bagpacker, tatoué de lignes sur le torse et les épaules. Un dieu de la guitare. Puis Jack Johnson, surfeur californien, qui me ramène quelques années avant à mes années lycée, et sur une certaine plage corse, le vent dans les cheveux (fort, quand on sait qu’il pleuvait pas mal à ce moment-là). Et surtout Stromae, incroyable. Un show de 1h30, coloré et complètement survolté. Une chouette découverte live que ce belge aux multiples facettes qui discutait avec nous, à rigoler de la défaite des Belges et des Français au Mondial de foot.
Le dernier jour, on galère (trop de fatigue, trop de pluie, trop de bière, pas assez de nourriture saine), et c’est rarement le meilleur. Mais on a quand même quitté les bars chauffés de la Grand Place, pour voir (encore!) ce duo mexicain complètement dingue, Rodrigo y Gabriela, qui ont repris un titre de Radiohead, comme ça, entamé par le public. Normal. Suivi par la musique endiablée du Parov Stelar Band (en écoute au début de cet article), histoire de nous pomper le peu d’énergie qui nous restait. On s’est calmé en écoutant Detroit, avec Bertrand Cantat, enfin, qui a repris du Noir Désir. Je ne ferais pas de commentaires, mais les frissons que j’ai ressentis en disaient long. J’ai aussi vérifié que la voix de la chanteuse de London Grammar était pas si incroyable. Et bien sûr il y a eu M, comme dans tout bon festival qui se respecte, que je voyais enfin en entier. Je me répète si je dis qu’il était incroyable, mais il a chanté ses plus grand tubes et nous a fait reprendre « Je dis aime ». Des frissons, encore. Et enfin David Guetta, qui a posé ses platines et ses jeux de lumières, et qui nous a fait la boite de nuit en plein air, pour finir sur une note fun et festive, plutôt que musicale.
Je tiens néanmoins à rappeler qu’un bon festoch n’est complet qu’avec au moins une perte de pote dans la foule – sans portable ni batterie, de la bonne gadoue et des vêtements trempés, des amis qui zappent la douche pendant trois jours, des voisins de camping qui n’ont pas compris l’intérêt de dormir et d’autre qui répètent toute la nuit « Ça va être tout noir », juste pour qu’on lui réponde « ta gueule!! » (oui, on a les références cinématographiques qu’on peut), du vin, de la bière coupée à l’eau, des cheveux gras et des kways qui laissent passer la pluie, des cordes vocales qui fatiguent, des potes (toujours les mêmes) qui hurlent sur tes vidéos de Stromae et d’autres qui râlent parce qu’on a pas vu leur groupe préféré, des capotes gonflées qui volent dans les airs, des chichis et des frites (surtout dans le Nord), des glissades dans la gadoue, et j’en passe.
Et un retour dans le train incroyable le lendemain, où il ne faut pas oublier de se réveiller au terminus Gare du Nord, avant de se quitter sur le quai, pour rentrer dormir chacun chez soi, en se donnant rendez-vous pour la prochaine, cette fois je l’espère enfin à Carhaix, ou au Sziget, à Budapest.
« Jusqu’à ce que nos jambes n’en peuvent plus »… on dit pas « n’en puissent »?
(je ne sais pas comment mettre des commentaires cachés… et oui, là maintenant tout de suite je m’ennuie au boulot).