Qui n’a jamais rêvé de Bali, du vert de ses rizières, du jaune des fleurs de frangipaniers posées dans des chevelures brunes, ajouté au turquoise de l’océan? A peine engagés sur la route entre Gilimanuk et Ubud, on est tombé nez à nez avec cette carte postale. On avait négocié un taxi à la sortie du ferry avec ce couple en tour du monde, voyageant pendant sept mois avec leur petit garçon de six ans. On discutait voyages, impressions, et prochaines destinations. Par la fenêtre, on a commencé à apercevoir des cerfs-volants dans l’horizon, des temples sur le bord de la route, recouverts d’offrandes, des rizières, des milliers de couleurs, et des sourires. On y était. Samalat pakit Bali. L’ile des dieux, en sanskrit.
Après une seule nuit à Ubud, entre notre expédition à Java et notre repos à Gili, on est revenues avec Laure-Anne, deux jours avant qu’elle ne prenne son avion. Un havre de paix après l’effervescence de Gili T.
Difficile d’y croire quand on connait Ubud. C’est une ancienne petite ville aujourd’hui envahie par les expatriés, les Français – 14 000 à Bali !, et tous les touristes attirés par le film « Eat Pray Love ». Comme le disait, aux « poules » pendues à lui, le vieux beau Suisse à coté de nous au restaurant, « on vient à Bali pour trouver l’amour ». Ce qui ramène donc sur l’île tout et n’importe qui, et particulièrement des cinquantenaires en quête d’une nouvelle vie – surtout à Ubud. Ces détails mis à part, cela peut être vraiment très agréable de s’y reposer, il suffit juste de prendre une petite ruelle à droite, et de s’exiler dans les rizières, ou aller faire un cours de yoga…
Initiation au yoga
8h du matin. Toutes ensommeillées, on est en train de s’installer au Yoga Barn, au premier étage d’un dôme en bois, complètement ouvert sur les rizières et l’école primaire voisine. Arrive cette prof américaine, au physique parfait, qui commence à nous explique que le moment à vivre c’est celui-ci, là maintenant, ben oui, celui-là même qui vient de passer, et qui a été remplacé par un nouveau, maintenant. Qu’apportez-vous à ce moment? Levez vos bras vers le ciel, tel un arbre. Quel est votre but précis dans cette journée? Etirez-vous vers le soleil, sans penser à autre chose qu’à votre corps et ce que vous réussissez à faire avec lui en ce moment. Une heure et demie de dépassement de soi, en douceur.
C’était peut-être cliché, mais il fallait qu’on prenne notre premier cours de yoga à Ubud, le centre de zenitude de la planète. L’expérience a été plus que bénéfique, pour toutes les deux. Je ne sais quels chakras j’ai réussi à ouvrir, mais j’ai ressenti une sensation de bien-être m’envahir petit à petit, et qui est restée toute la journée, ainsi que durant mes sept derniers jours suivants.
Au détour des rizières
En prenant de petites ruelles, on arrive vite dans les rizières balinaises d’Ubud. Il suffit de marcher plusieurs centaines de mètres après les rues bétonnées, et on tombe nez à nez avec des palmiers, de petites maisons au milieu et quelques chiens errants. Le mystère des cerfs-volants disparait, lorsque l’on voit tous ces enfants sortir leurs majestueux jouets en plastique, et courir au bord des rizières, avant de lâcher dans le vent ces fabrications de plastique et de bois, qui planeront vite à quelques dizaines de mètres au-dessus d’eux.
Le lendemain, Laure-Anne est partie, et je me suis perdue au détour des chemins. Marchant au milieu des rizières, sur les limites des terrasses, j’ai croisé des locaux faisant leur lessive dans la rivière, des vieilles femmes édentées me gratifiant de sourire traversant leur visage, des oies reproduisant à merveille la chorégraphie des Aristochats – le contexte étant cependant un chouilla différent, et des buffles regardant passer les scooters. J’ai vainement tenté de compter les déclinaisons de vert que l’on pouvait voir dans ces paysages incroyables. Puis j’ai croisé ce « vieil » Australien, qui après m’avoir demandé si j’aimais cet endroit, m’a remis sur le bon chemin. Il m’a salué d’un « you enjoy this day » avec une telle sincérité que cela serait difficilement traduisible. J’étais dans une sensation de plénitude intense, que j’avais rarement éprouvée.
Immersion dans la culture balinaise
On vient également à Ubud car c’est le centre de la culture balinaise. Il ya des temples à chaque coin de rue, et des offrandes posées à l’entrée, pleines de fleurs posées sur des corbeilles en bambous. Toute habitation a d’ailleurs sa petite offrande déposée sur son seuil chaque soir. Les couleurs sont ravissantes, mais cela génère un nombre incroyable de déchets, qu’Ubud, contrairement à la majorité des endroits en Indonésie, commence à trier, grâce à des poubelles de déchets organiques.
Chaque soir, on peut également aller assister à un spectacle de dans traditionnelle – qui peut être un gros attrape-touriste, mais tout de même intéressant. Pendant une heure et demie on écoute le gamelan et les autres instruments balinais, donner le rythme aux danseurs de legon, complètement engoncés dans leurs costumes et maquillages. Une explication de texte est nécessaire pour comprendre l’histoire qui se cache derrière tout ça, ainsi que des boules quiès – le son du gamelan peut être relativement stressant au bout d’une heure !
Je pourrais également m’attarder des heures sur le sourire des balinais, moins omniprésent que celui des javanais – moins habitués aux touristes, mais néanmoins toujours agréable. Je choisirai cependant de finir ce blog sur une note animalière, avec la vidéo de cette rencontre assez surprenante.
Laure-Anne s’est donc fait piquer sa bouteille qu’elle tenait contre elle– on trimballe toujours une bouteille d’eau à la main en Asie – par un macaque de la forêt des singes d’Ubud, qui l’a ensuite ouverte, avant d’en laper le contenu sur le sol. Il y en a encore qui doutent de l’origine de l’homme ?
Précision d’une fraîchement initiée à l’ethnomusicologie : le gamelan c’est le nom de tout l’orchestre, et il y en a plusieurs sortes, donc d’orchestres de types d’instruments différents.
C’est par ça que les européens ( Debussy par exemple ) ont découvert à la fin du XIXem/début du XXem qu’il avait d’autres manières de faire de la musique, d’autres systèmes rythmiques et mélodiques que ceux qu’on connaissait ( sans blague 🙂 ). Ça à quand même bien révolutionné la musique » savante ».
Voili voilou, c’était donc la minute culture 🙂
Minute culture qui mérite que je mette le lien de la vidéo en ligne donc…
waaaw c’est magnifiqua!!