Le Pérou est un pays de contrastes. Un jour on est à 5000m d’altitude, le suivant au bord de Pacifique à regarder les pélicans. Entre temps on sera passé par la jungle.
Certes, en réel, cela prend un peu plus de temps en bus, mais les scientifiques définissent tout de même ce pays comme une « megadiversité » en termes de faune et flore, qualificatif auquel peu de pays du monde ont le droit. En ce qui me concerne, à part la zone amazonienne, j’ai vu un bel échantillon de ce que ce pays avait à offrir, et les derniers jours sur la côte ont clôturé en beauté un mois très riche en expériences.
Les lignes de Nasca
Après s’être reposé à Arequipa, il nous restait quelques étapes avant que mon père ne prenne son avion à Lima. Notamment la côte Sud du Pérou, et comme première étape, Nasca et ses géoglyphes.
Découverts en 1939, ces immenses signes dessinés dans le désert sont classés à l’Unesco depuis 1994. Plus de 800 lignes droites, 300 figures géométriques et 70 biomorphes (dessins spectaculaires d’animaux et plantes) ont été dessinés par une civilisation antérieure aux Incas. Ils les ont tracé en ôtant les pierres sombres, brûlées par le soleil, et en les empilant de chaque côté des lignes pour révéler un sol plus clair, riche en gypse. La meilleure façon de les voir est de les survoler. C’est comme ça, avec les premiers vols touristiques, qu’ils ont été découverts. Le mirador en bord de route ne permet d’en voir que deux. En l’air, on a une trentaine de minutes depuis le petit coucou huit places, et on passe à droite, puis à gauche, pour voir les figures les plus importantes. Malgré mon estomac, qui se prend pour un tambour de machine à laver, j’arrive à distinguer les formes en bas. On aperçoit un lézard long de 180 mètres, un colibri sur une falaise, un singe avec une queue en spirale – qui rappelle étrangement le logo du Pérou, un condor de 130m d’envergure. Impressionnant, et encore inexpliqué. Les archéologues ne sont pas d’accord quand à la signification de ces lignes. Dessins à destination des dieux, constellations étoilées et signes du zodiaque, indications sur le lever du soleil lors du solstice d’été, lieux de cultes et de cérémonies, les interprétations sont multiples. Cependant, comme aucun écrit n’a encore été trouvé, les scientifiques continuent de chercher des preuves pouvant expliquer ce phénomène.
Paracas et les Islas Ballestas
La petite ville de Paracas, minuscule et insignifiante s’il en est, vaut tout de même le détour pour sa réserve naturelle, et ses îles à quelques miles de la côte. En approchant des îles Ballestas, sur nos bateaux de touristes, on aperçoit des nuées d’oiseaux en formation au-dessus des rochers. Impossible de distinguer les différentes espèces pour les novices que nous sommes, ce sont d’immenses nuages noirs qui nous survolent. La guide nous explique qu’il y a le cormoran de Bougainville, le fou varié et le pélican thage, entre autres. Sur les rochers sautillent des pingouins, des manchots de Humboldt. Après quelques pas penauds dans leur costume de fête, ils plongeront avec grâce sous nos yeux. Plus loin, des phoques se dorent la pilule au soleil. Il y a quelques petits, au milieu de bancs de femelles. Lorsque l’on approche, ils s’agitent, mais leur sieste est plutôt tranquille. Les oiseaux tournent encore au-dessus de nos têtes, laissant de temps en temps tomber un peu de guano, « l’or blanc » récolté par le gouvernement péruvien. De retour sur le port, ce seront des pélicans qui viennent quémander un peu de nourriture, paradant avec leur long bec blanc bleu rouge.
Pour aller dans la Réserve naturelle de Paracas, nous louons des vélos. Le sport me manque, moi qui ne peut plus aller courir à cause des nombreux chiens errants et des espaces pas du tout aménagés pour les piétons. Un VTT fera l’affaire, et c’est parti pour dix kilomètres avec le vent de face pour atteindre la plage rouge. Nous sommes au milieu des dunes, entourés par l’océan Pacifique de chaque côté. Les couleurs de la plage sont uniques, et protégées, on ne peut aller marcher sur ce sable rouge. Quelques kilomètres plus loin on prendra un Inca Kola bien mérité, à l’ombre d’une paillote. Le bol d’air frais iodé fait du bien, avant de remonter en selle et d’aller manger nos derniers ceviche sur le port de Paracas.
Les dunes de Huacachina
Je suis toute seule pour cette dernière étape péruvienne. Papa est rentré la veille, de retour dans des montagnes à l’altitude raisonnable. J’avais envie de faire ce stop, avant de m’infliger seize de bus pour passer au Chili. Je ne l’ai pas regretté.
Au milieu du désert, à quelques kilomètres d’Ica, se trouve l’oasis de Huacachina. Les voyageurs croisés sur mon chemin m’en ont longuement parlé, me vantant le caractère unique de ce lieu. L’oasis est constituée d’un petit lac, entourée de palmiers et de végétation. Autour, des centaines de dunes à perte de vue. Les eaux de l’étang sont trop sombres pour moi, mais à l’aide d’un buggy on peut s’éloigner un peu des habitations et aller admirer l’immensité du désert. Le ride en buggy était horrible, s’apparentant plus à du grand huit sur sable qu’à une balade. J’ai cru à chaque instant que le véhicule allait dégringoler d’une dune, et nous avec, comme cela arrive malheureusement ici parfois. La descente en sandboard – surf des sables – était drôle, mais pas du tout technique, n’ayant ni les chaussures, ni les fixations pour. Ce fut une descente à plat ventre, donc.
Mais le show final valait tout le reste. Assise au sommet d’une grande dune sculptée par le vent, à regarder le soleil disparaître dans des teintes psychédéliques, au milieu d’un paysage oscillant entre les jaunes dorés et les rouges cuivrés. Quel spectacle. Quel ciel. Quel beau baisser de rideaux sur mon séjour péruvien.
Tips numéro 13: Le seul problème de Huacachina, c’est le sable. Je suis repartie avec trois kilos dans chaque chaussure, et des centaines de grains coincés dans mon t-shirt et mon short, agréable avant seize heures de bus!