En parcourant le site web de Courrier International peu après Christchurch Earthquake, je suis tombé sur cet article que je voulais vous faire partager. Description de la Nouvelle-Zélande par Lynn Barber, une Anglaise, en 2002…
Ça n’a pas changé beaucoup depuis (y a plus la tonte des moutons à Te Papa, what a shame!), et bien qu’elle exagère un peu, on en est arrivé avec la même conclusion avec Sophie, si on n’aime pas la rando et les extérieurs, ça ne vaut pas vraiment le coup de traverser le globe… Perso, les outdoors j’adore, même si la Culture et l’Histoire européenne (française…) me manquent!
La Nouvelle-Zélande, non-sportifs s’abstenir !
Les paysages sont magnifiques, les gens charmants. Mais pour apprécier ce pays, il faut aimer le saut à l’élastique et être peu exigeant en matière de culture. Pas vraiment le profil de Lynn Barber, la célèbre journaliste britannique.
27.06.2002 | Lynn Barber | The Observer
Deux de mes meilleurs amis sont néo-zélandais. Quand je leur ai annoncé que j’allais visiter leur pays natal, tous deux m’ont avertie, sans se concerter : « Les paysages sont magnifiques, les gens très accueillants, tu vas détester. » Sur le coup, je me suis sentie offensée, mais à présent je comprends ce qu’ils sous-entendaient. La Nouvelle-Zélande est un paradis terrestre à bien des égards – un pays propre, une terre vierge, intacte, à l’air vivifiant – où se déploient des paysages plus époustouflants les uns que les autres : sommets couronnés de neige, splendides forêts, plages inexplorées, fjords, glaciers, volcans, geysers, bassins de boue, îles désertes… Un florilège des plus beaux paysages anglais et écossais, agrémenté des petites curiosités géologiques dont parlent nos manuels de géographie. Et il n’y a pas de serpents ! Ni de prédateurs ou d’insectes dangereux ; rien, en somme, dont il faille s’inquiéter.
Et c’est peut-être là le problème. J’ai toujours pensé que le paradis devait être ennuyeux, et les Néo-Zélandais sont certainement de cet avis puisqu’ils dépensent toute leur énergie intellectuelle à inventer des sports extrêmes. Pour apprécier ce pays, il faut aimer les activités de plein air, être non-fumeur (sur ce point, les « Kiwis » sont encore plus rigides que les Californiens), mais aussi sportif, conformiste et peu exigeant en matière de culture. Tout l’inverse de moi ! Il faut également être un randonneur-canotier-campeur-skieur-coureur-alpiniste-kayakiste aguerri, être disposé à parler rugby vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, éprouver un intérêt sincère et sans bornes pour la culture maorie et croire dur comme fer que le saut à l’élastique est la plus grande invention du XXe siècle.
Oubliez Katherine Mansfield (la plupart des Néo-Zélandais l’ont fait), sir Ernest Rutherford (physicien précurseur de la fission nucléaire) et la soprano dame Kiri Te Kanawa, et dites-vous que les Néo-Zélandais les plus illustres sont A. J. Hackett (l’inventeur du saut à l’élastique), Edmund Hillary [le premier alpiniste ayant atteint le sommet de l’Everest], Peter Blake (deux fois vainqueur de l’America’s Cup, assassiné récemment par des pirates en Amazonie), Peter Jackson [réalisateur du Seigneur des anneaux], Russel Crowe [acteur : Gladiator, Un homme d’exception] et Rachel Hunter (mannequin, longtemps connue sous le nom de Mme Rod Stewart) ; sans oublier Jonah Lomu ni les quelque cinq cents autres rugbymans dont les noms vivront à jamais au panthéon du pays des Kiwis. Pour remédier au problème de l’inappétence culturelle, la Nouvelle-Zélande a tout simplement jeté la culture aux oubliettes. Au musée national Te Papa, ce sont les attractions interactives qui remportent le plus grand succès, comme la tonte virtuelle des moutons et, cela va sans dire, le saut à l’élastique.
Toutefois, on ne peut pas dire d’un pays qui produit un vin aussi excellent qu’il est totalement inculte : vous êtes sûr de trouver du vin de qualité à peu près partout, même à bord des trains. Et la gastronomie n’est pas mal non plus. Par exemple, à Christchurch, mon hôtel proposait « du gibier à la rhubarbe caramélisée, des légumes verts braisés, du sherry [vin de Xérès] et de la sauce à la noix de coco ». Il y a aussi une foule de bons restaurants italiens, et les fameux noodle bars japonais et coréens où l’on mange fort bien pour moins de 15 dollars néo-zélandais [environ 8 euros]. De la bonne chère, du bon vin, de beaux paysages : que demander de plus ?
Mon itinéraire était mal conçu, mais je ne m’en prends qu’à moi. Je me rendais à Auckland pour une conférence de presse, prévoyant de faire le tour du pays en une semaine. Erreur. J’aurais mieux fait de rester à Auckland, qui a tout d’une grande ville. Chaque jour, j’aurais pu prendre un ferry à destination d’une des îles environnantes. On les compte par douzaines, et, parmi elles, on trouve aussi bien des banlieues résidentielles que des réserves naturelles complètement désertes. A Auckland, un habitant sur quatre possède un bateau, et, le week-end, tout le monde lève l’ancre pour aller caboter d’île en île. En conséquence, Viaduct Harbour est le véritable coeur de la ville animé avec sa marina époustouflante, ses palais du gin pour millionnaires et son grand chantier maritime, où l’on construit la future génération des monstres de l’America’s Cup. Un lieu fréquenté par les plaisanciers et qui, le jour de ma visite, grouillait aussi de drag-queens de plus de deux mètres de haut – elles animaient une « fête de famille » : habillées en lolitas, elles swinguaient sur des airs de rock’n roll. Dans ce pays, la culture doit certainement exister, mais sous des formes qui nous sont inconnues.
Bref, comme je vous le disais, j’aurais dû rester à Auckland mais, à la place, j’ai voulu visiter l’île du Sud, où une grande partie du Seigneur des anneaux a été tournée. J’ai donc pris l’avion jusqu’à Christchurch, la ville qui manifestement est à l’origine de toutes ces comparaisons entre la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre des années 50. Si vous souhaitez voir défiler l’Angleterre de John Major au son du clapotis d’une barque fendant l’onde, Christchurch est l’endroit rêvé – mais vous risquez d’être ennuyé par une « invasion » de Japonais.
Depuis Christchurch, j’ai effectué un aller-retour jusqu’à Greymouth, sur la côte ouest, à bord du Tranz-Alpine, le train qui traverse les Alpes néo-zélandaises. C’est un voyage absolument magnifique avec un bémol en ce qui concerne la nourriture qui, pour le coup, rappelait vraiment l’Angleterre des années 50 ! Le jour suivant, j’ai pris un autre train qui remontait la côte est. J’allais de merveille en merveille. Après avoir traversé la plaine de Canterbury, avec ses fermes d’élevage de moutons et de gros gibiers, le train a longé la côte sauvage balayée par les vents jusqu’à Kaikoura (des départs y sont organisés pour aller observer les baleines) pour ensuite s’enfoncer dans les vallons de la région viticole de Cloudy Bay jusqu’à Picton, où un ferry-boat assure la liaison avec Wellington. La traversée vers l’île du Nord dure trois heures, trois heures de bonheur : le bateau se fraye d’abord un chemin dans un dédale spectaculaire d’îles et de promontoires avec, au milieu, un passage en pleine mer, aussi bref que mouvementé [dans le détroit de Cook].
Wellington, la capitale, compte environ 350 000 habitants et une petite heure suffit pour faire le tour du centre-ville. La brochure touristique vous garantit un « spectacle vivant quasiment tous les soirs ». Effrayée à l’idée de devoir assister à une mauvaise opérette jouée par une troupe d’amateurs, j’ai fui jusqu’à Rotorua. De l’avis de mes amis d’Auckland, j’étais folle d’aller là-bas – ils m’avaient avertie qu’à mon retour je sentirai l’oeuf pourri.
Et alors ? Lorsque, comme moi, on se passionne pour les sources chaudes, une bouffée d’air chargé de sulfure d’hydrogène est un plaisir sans égal (sans compter cette poche de mon sac à main marquée à jamais par mon séjour à Rotorua). Les aficionados de sources chaudes, à part moi, sont des Scandinaves pour la plupart, mais aussi des Allemands et des Japonais, sans oublier J.-R. Ewing. En effet, dans son autobiographie, Larry Hagman [qui interprète le rôle de J.-R. dans Dallas] raconte avoir sillonné l’Europe et l’Amérique, en compagnie de sa femme, à la recherche de sources chaudes inconnues. Je lui avais écrit pour lui en signaler une dont il ignorait sans doute l’existence : située sur un terrain industriel, juste en dehors de Viterbe [en Italie], elle dégage une odeur si pestilentielle que même les Allemands les plus courageux, ceux qui voyagent en camping-car, refusent de s’en approcher.
Les Néo-Zélandais ont surnommé Rotorua « Roto Vegas », ce qui me paraît un tantinet exagéré, « Roto Blackpool » [les Eaux-Noires] serait plus proche de la réalité. Le centre-ville est entièrement composé de fast-foods, de boutiques pour touristes et de discothèques maories proposant des soirées haka et hangi (danses guerrières et barbecues) – à éviter à tout prix. Quoi qu’il en soit, les sources chaudes jouissent d’une renommée internationale en dépit du fait que « la huitième merveille du monde », celle qui a rendu Rotorua célèbre sous l’ère victorienne, ait aujourd’hui disparu. Il s’agissait d’un escalier de terrasses de silice en forme d’éventail appelées « les Terrasses rose et blanc ». Elles attiraient les géologues du monde entier. Mais en 1886, l’éruption du volcan entraîna la mort de 153 personnes et les terrasses furent englouties.
Bouillonnements, glouglous, odeurs de soufre, couleurs impressionnantes… Avec ses sources chaudes, ses bassins de boue, ses fumerolles et ses geysers, Rotorua offre toutes les particularités géologiques d’une région volcanique. Même le Polynesian Spa [les thermes polynésiens], situé en plein centre-ville, est un délice : l’entrée et les vestiaires pourraient être ceux de n’importe quelle piscine municipale, mais vous débouchez en plein air sur des petits bassins d’eau chaude carrelés – plus d’une dizaine, dont la température varie de 33 à 43 °C, chacun possédant une odeur et une composition particulières -, surplombant le lac de Rotorua et ses rives incrustées de minéraux.
Situé à 50 kilomètres au sud de la ville, le parc naturel volcanique Wai-O-Tapu Thermal Wonderland, mérite d’être cité. Il mérite bien son nom de « pays des merveilles » avec ses magnifiques bassins rose et ocre, et le geyser Lady Knox, qui entre en éruption tous les matins à 10 h 15 précises, lorsque le gardien y verse du savon (il jaillit également à d’autres moments de la journée mais avec moins de régularité). On trouve à Whakarewarewa un « village thermal » maori construit autour de sources chaudes et, à environ 16 km de Rotorua, les étonnantes chutes d’eau chaude de Tikitere valent le détour. Ces curiosités sont bien signalées, mais rien ne vous empêche de partir à la recherche de bassins sauvages dans la forêt – il suffit de se laisser guider par les panaches de fumée ou les odeurs d’oeuf pourri. Faites tout de même très attention, la plupart de ces bassins sont si chauds que vous pourriez vous ébouillanter. J’estime qu’à elle seule la visite de Rotorua justifie un vol de vingt-quatre heures, mais je suis bien consciente que cet avis n’est pas celui du plus grand nombre. La plupart des gens se rendent en Nouvelle-Zélande pour randonner, pêcher, faire de la voile, du bateau à moteur, du kayak, du rafting, de l' »héliski », de la course en montagne et – Dieu m’en préserve ! -, du saut à l’élastique. Si vous concevez ce pays comme un immense terrain de jeu, vous ne serez pas déçu, et si votre intellect demande à être stimulé de temps à autre, emportez un livre avec vous. Un de Katherine Mansfield par exemple…
bonjour !
Woah ! quel article , je reflechi ,je lit ton blog , je rêve ,je m’inspire, je m’ennuie de cet routine de france , quel plus belle satisfaction que de partir seul a « l’aventure » vivre sa
vie en y grandissant tout les jours , se posé les bonnes questions ? tant de reflection reste encore a pencé ! est ce que sa vos le coups ? donc ma conclusion maintenant arrivé a » l’apogé » de
ton sejour dirait tu aux gens » de foncée ?
merci de ton blog! peace Léo le ptit breton !
A deux mois de quitter la NZ je n’hésiterais pas une seule seconde si je devais tout recommencer! Un pays splendide, des gens adorables, un cadre de vie exceptionnel, un rythme de vie plutôt cool
et carrément agréable, une sacré facilité pour voyager et partir à l’aventure, et une même « facilité » pour bosser… Jte dirais bien de foncer, mais tout dépend ce que tu veux… En tout cas je
ne regrette pas une seconde mon choix d’être venue aussi loin, et jpense avoir réussi le challenge que je m’étais fixé! 🙂