Carnet de voyages en Nouvelle-Zélande, Europe et Amérique du Sud
Cusco et la Vallée Sacrée 

Cusco et la Vallée Sacrée 

J’ai quitté les montagnes de Huaraz pour celles de Cusco, plus au Sud, plus à l’Est. Bus de nuit jusqu’à Lima, puis avion, plusieurs heures de voyage pour finalement revenir se percher à 3500m d’altitude. Mais Marie, ma pote belge de Huaraz, m’attendait dans une crêperie le soir. Je crois que je n’ai jamais autant apprécié une galette complète, suivi de caramel au beurre salé, qu’après ce voyage-là. Bizarrement la fatigue est descendue d’un coup, et encore plus le lendemain, quand mon père m’a rejoint, pour trois semaines de vacances.

Cusco

 J’aurais pu rester des semaines à Cusco. C’était le nombril du monde pour les Incas, la capitale prospère du plus grand empire des Amériques. Les Espagnols sont arrivés en 1532, et ont vite placé leur capitale à Lima. Cusco est alors devenue une petite ville coloniale. Aujourd’hui le centre est mignon, rempli de cafés et de maisons à colombages bien rénovées. Le quartier San Blas, dans les hauteurs, est rempli de maisons blanches, et on se perd facilement dans ses dédales en essayant de chercher le marché pour déjeuner. Derrière chaque façade se cache une belle cour intérieure, comme dans notre mignonne petite auberge, la Bo’m, où je me suis sentie chez moi pendant une semaine – et où, trois jours après sa mort, j’ai réécouté en boucle Aznavour.

C’était facile de commencer par Cusco pour mon père, et l’ambiance tranquille m’a aussi fait beaucoup de bien. Le centre-ville est piéton, certaines voitures nous laissent même passer – faut exceptionnel en Amérique latine. Et la nourriture y est délicieuse. Entre le marché San Pedro où on mange le midi une soupe plus un plat pour 5 soles (1,2€), et les restaurants comme Marcelo Batata, Pachapapa ou GreenPoint où un repas complet pour deux ne dépasse pas 25€, on s’est bien fait plaisir. Aji de gallina, sopa de quinoa, steak d’alpaga, tacu tacu, arrosés de chicha morada, Cusqueña ou Pisco.

Le lendemain de son arrivée, on est allés visiter le Qorikancha, temple Inca le plus important de la ville, sur lequel les Espagnols ont construit un couvent en arrivant, en 1532. Il reste quelques vestiges et murs de pierres polies, comme seuls les Incas savaient les faire. Cusco regorge de musées sur les Incas, sur la période pré-Incas, et les peintures kitsch de l’époque coloniale qui représentent des anges ailés avec des baïonnettes à la main. On y trouve également plein de petites églises, que l’on peut visiter gratuitement entre 6 et 8 heures du matin – pour peu qu’on ait envie d’assister à la messe – toutes plus chargées les unes que les autres.

La Vallée Sacrée 

Entre Cusco et le Machu Picchu se trouvent une dizaine de sites, qui constituent la Vallée Sacrée, la capitale archéologique du continent, le long du fleuve Urubamba. Pour pouvoir les visiter, il faut acheter le boleto turistico, 70 soles pour 3 jours et quelques sites, ou 130 soles pour 10 jours et la totale. Il faut aussi faire une bonne heure de route depuis Cusco pour accéder à chacune de ces ruines. En une semaine, on n’en a visité que quelques-uns, triés sur le volet grâce aux conseils avisés des autres voyageurs rencontrés au petit déjeuner, entre deux crêpes :

  • Pisac

A trente kilomètres à vol de condor de Cusco, c’est selon moi l’un des sites les plus intéressants. On y accède en collectivo depuis Cusco, que l’on chope et négocie dans une rue parallèle à la brasserie Cusquena, puis on prend encore un taxi jusqu’à l’entrée du site. Là, contrairement aux tours organisés, on ne revient pas sur nos pas, et on visite tout le site, en descendant jusqu’au village. Cela prend une petite heure et demie, entre ruines d’habitations Incas et citadelle fortifiée. Tout cela niché sur un pic qui surplombe la vallée, depuis lequel on voit la pluie arriver sur nous. Je me demande encore comment ils ont pu créer là la sépulture la plus importante de la période Inca, où les familles riches étaient enterrées, dans des trous creusés dans la montagne. Certains ont même été ramenés du Machu Picchu, qui est à plus d’une centaine de kilomètres de Pisac. Les tombes ont toutes été pillées avant l’arrivée des premiers archéologues.

Le village de Pisac vaut aussi une visite, il y a un joli marché artisanal – avec les mêmes produits, pulls et bonnets, que partout ailleurs – et des stands de légumes et de fruits de toutes les couleurs. On y était en plein dimanche d’élections municipales et régionales, il y avait une sacrée animation.

  • Ollantaytambo

Le village – au nom imprononçable – d’où partent les trains pour le Machu Picchu, est aussi une ancienne forteresse inca. Les deux ruines qui entourent le village sont très bien préservées, et assez impressionnantes vues depuis la place d’Armes. La principale est à la fois une forteresse et un temple, auquel on accède en gravissant des terrasses assez escarpées. Un rebelle Inca s’était réfugié dans cette citadelle, et avait gagné une bataille contre les conquistadors. Avant qu’ils ne reviennent plus nombreux, provoquant la fuite du chef Inca dans la jungle proche. Difficile d’imaginer cela aujourd’hui, au milieu d’Américains psalmodiant leurs yogis dans ce qui était le temple, et autres hordes de touristes armées de perches à selfies.

  • Salineras / Maras / Moray 

C’est notre dernière journée à Cusco, avant de filer vers le Sud. François et Théo nous ont rejoints. On est quatre, on peut partager un taxi pour faire le tour de ces trois sites. Notre collectivo initial (négocié rue Pavitos, comme pour aller à Ollantaytambo) nous propose finalement d’être notre guide pour la journée, pour une somme correcte, au lieu de combiner collectivo + taxi.

Ce circuit est assez classique, et en passant à peu près une heure sur chaque site, il se fait en une demi-journée. Ça laisse du temps pour une bière dans le patio de l’hôtel en fin d’après-midi !

Le site des Salineras de Maras est impressionnant. On y arrive par une piste sèche et d’un coup cette pente recouverte de puits de sels se dévoile à nous. Il y a plus de 4 500 puits en gestion, qui fonctionnent seulement en saison sèche (jusqu’à décembre), grâce à une source d’eau salée en amont. Créés à l’époque Inca, c’est aujourd’hui une coopérative, les familles ont chacune cinq puits, et le système d’extraction est organisé de telle sorte que l’entraide est le maître mot. La variété de couleur correspond aux différentes variétés de sel, allant de celles pour la consommation humaine à la consommation animale. On repassera pour les rayons de soleil sur les puits, mais le site reste tout de même assez spectaculaire.

Notre chauffeur-guide nous dépose ensuite dans le marché du petit village de Maras pour le déjeuner. Il ne reste que nous et quelques locaux qui aspirent leur soupe, les stands du marché du matin ont déjà été remballés. Notre dernière étape était les ruines de Moray. On se croirait dans un grand amphithéâtre grec, avec plusieurs cercles de pierres disposés en terrasses dans une vaste cuvette d’argile. C’est en fait un laboratoire d’agriculture inca, niché à plus de 3 500m l’altitude, qui aurait permis de déterminer les conditions optimales pour chaque culture. Au retour, on a loupé Chinchero, ses ruines, son église et ses ateliers de textiles, mais on dormait tous dans le taxi.

Tips numéro 8: Eramos jovenes, eramos locos. On était est jeunes, on était est fous.

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