Carnet de voyages en Nouvelle-Zélande, Europe et Amérique du Sud
Machu Picchu

Machu Picchu

La cité inca, perdue au milieu des pains de sucre, m’attirait depuis des années. Depuis que cette envie d’Amérique latine me trotte dans la tête.

Coincé entre Andes et Amazonie, le Machu Picchu se mérite. Certains font le Chemin de l’Inca ou le Salcantay pour l’atteindre, quatre jours de trek au milieu des forêts tropicales et des ruines. D’autres prennent un collectivo – minibus servant de taxi local – jusqu’à Santa Teresa, pendant sept heures, puis marchent trois heures pour arriver à Aguas Calientes. Nous, on a choisi la voie la plus rapide.

Aguas Calientes

Depuis Cusco, il suffit de prendre un collectivo jusqu’à Ollamtaytambo. Puis, une fois qu’on a visité la citadelle et ses ruines, il faut prendre un train jusqu’à Aguas Calientes. C’est relativement cher, pour à peine deux heures de train. On paye pour le confort, le service de restauration, les vitres panoramiques au plafond qui nous font profiter d’une vue magnifique sur les paysages environnants, et le fait qu’il n’y ait quasiment aucune autre voie d’accès.

Aguas Calientes est un cul de sac, que l’on ne peut rejoindre qu’en train ou à pied. Ce bled qu’on appelle aussi Machu Picchu Pueblo – le village du Machu Picchu – n’a aucun charme, traversé par un torrent de montagne et le chemin de fer. Typiquement le genre de ville qui me déprime quand j’y débarque seule. Ce n’est pas vraiment mieux à deux, alors on se réfugie dans un resto français avec mon père, l’Indio Feliz. Pour y découvrir que le proprio, qui est installé ici depuis plus de 25 ans, avait bossé à la centrale Alstom d’Aguas Calientes en 1980 – lors de sa construction – avec le témoin de mariage de mes parents.

Le Machu Picchu

J’ai déjà dit que le Machu se méritait. En effet, une fois à Aguas Calientes, il faut se lever tôt pour faire parti des premiers sur le site, pour en profiter pleinement. Nous avons quitté l’hôtel à 4h30, dans la nuit noire. A la lueur de la frontale, il faut vingt minutes de marche jusqu’au premier checkpoint (qui ouvre à 5h). A partir de là, il reste une grosse cinquantaine de minutes de montée sur des marchés assez hautes. Sous la pluie tropicale pour nous. Pendant une heure. Pour atteindre l’entrée à 6h, trempés.

Le voilà, enfin. Le Machu Picchu. Depuis le temps que je l’attendais celui-là. J’en ai mal dormi la veille, pourtant bercée par le son de la rivière en contrebas. Comme les canaux de Venise, la Tour Eiffel ou le Grand Canyon, le Machu Picchu fait partie de notre imaginaire visuel. J’avais tellement d’images en tête, j’en avait tant parlé avec les voyageurs croisé sur ma route, qu’avant même de l’avoir vu le lieu ne m’appartenait déjà plus. Et pourtant.

On entre par le côté, sans encore voir le site dans son entièreté. Le chemin fléché nous emmène directement à la Maison du Gardien, en hauteur. Et là, la pluie baisse en intensité, les nuages s’écartent un peu, et le voilà. J’ai devant les yeux la cité perdue, des ruines incas qu’encore aujourd’hui les archéologues n’arrivent pas complètement à expliquer.
L’endroit est spectaculaire. Comme des aventuriers, on est crevés, on a bataillé avec les éléments pour atteindre le site sacré. Je mange mon pain aux raisins et ma banane, assise sur le rebord du monde, impressionnée par l’intensité du lieu. En face de moi se dresse le pain de sucre du Wayna Picchu. La cité a pris le nom de cette montagne, « machu » voulant dire « vieille », et « pichu », « montagne ». Il n’y a tellement pas d’écrits qu’on ne connaît même pas le nom original du site.

Contrairement à l’aventurier Hiram Bingham qui a (re)découvert le site, nous ne sommes pas seuls. Les touristes se pressent déjà. On se faufile le long du chemin et c’est parti pour trois heures dans les ruines, au milieu des pierres incas magnifiquement taillées. Les blocs de pierre taillés, assemblés sans mortier, s’ajustent si étroitement qu’il paraît qu’il est impossible de glisser la lame d’un couteau entre deux pierres. Plus intéressants encore, les angles des murs et les fenêtres trapézoïdale sont conçus pour résister aux secousses telluriques. On se demande comment ils ont pu construire de telles villes, nichées sur ces montagnes éloignées de tout. Nous tendons l’oreille, pour glaner quelques informations auprès des guides nous entourant. Des lamas – un chouilla agressifs – s’occupent de la pelouse. Le site est impeccable. La pluie nous surprend à nouveau, perdus au milieu des habitations. Nous n’avons pas vu l’heure, il est trop tard pour grimper sur la Montaña Picchu, l’autre sommet encerclant les ruines, qui est de toutes façons dans les nuages. Aucun regret, on file plus loin, à la Porte de l’Inca, où la vue est tout de même spectaculaire. A notre retour, nous retentons un passage dans les ruines. Peine perdue, les touristes les ont envahies, avec leurs perches à selfies. Il est temps de partir. Un dernier coup d’œil au Machu Picchu, non sans une petite once d’émotion.

Après un mois et demi de voyage, j’ai atteint la première étape de mon camino, de mon chemin.

Tips numéro 9: « quand lama fâché, señor, lui toujours faire ainsi. »

1 comments

  • Bonjour
    Je découvre très tardivement votre commentaire sur Patrick, le patron de l’Indio Feliz. J’ai moi-même passé là-bas 2 ans pour construire cette centrale. Qui est ce fameux témoin de mariage que je connais forcément.

    Réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *