Ils sont forts ces Italiens. Trois minutes à peine après être descendue de mon avion, j’avais déjà retrouvé l’atmosphère si particulière de ce pays. En sortant de l’aéroport, j’ai filé vers les pontons pour embarquer sur le vaporetto, et arriver dans Venise par la lagune. Le guichetier chantonnait, en prenant nos tickets, au soleil. Ce sourire béat qui m’accompagne à chacun de mes séjours était de retour.
Ah Italie, tu m’avais manquée.
Une fois débarquée sur la terre ferme des pilotis, je me suis accordée quelques heures d’exploration. Venise est une ville qui s’arpente à pieds. Les gondoles sont pour les riches touristes, et les vaporetto permettent uniquement d’aller d’une rive à l’autre. Il reste donc la marche. Je suis partie confiante avec mon appareil photo. Je quitte la place San Marco et ses touristes-pigeons. Direction le Rialto. Il est à peine dix heures du matin, le bruit de la foule résonne bruyamment dans les ruelles. Je bifurque. A droite, puis à gauche. Je travers ce pont. L’un des 420 de la Sérénissime. Je ralenti, pour prendre des photos, et pour regarder ce gondolier chanter « volare, cantare » à tue-tête.
Puis je repars, toujours de ce même pas confiant. Plus d’une fois je vais m’engager dans un « sottoportego » ou une « calle », pour me retrouver face à l’eau, ou à un mur, m’obligeant à rebrousser chemin et chercher un nouvel itinéraire. De ruelles en ruelles, l’objectif devient de plus en plus flou. J’ai l’impression d’être aussi perdue que lors de ma dernière visiter, treize ans plus tôt. On était un certain 23 avril 2012, et hébétée par les nouvelles de la veille, je cherchais désespérément dans les kiosques un journal français…
Cette fois-ci, le Rialto, depuis longtemps été dépassé, est en travaux. Je m’y suis arrêtée pour flâner dans les allées du marché à la recherche de mozzarella di buffala – celle qui fond dans la bouche, quelques tomates séchées et du raisin nouveau.
Entre temps, mes pas me portent jusqu’à un vieux café local, qui a l’odeur de mes virées romaines. Prendre son expresso à un euro, posée contre le comptoir, et entourée d’Italiens en pause, où la gérante me répond dans sa langue. Très clichée, c’est pourtant cette Italie que j’aime. Je continue mes pérégrinations au gré des canaux. Une boutique de masques au fond d’une rue parallèle attire mon regard. Après avoir essayé tous ceux de la Commedia dell’Arte et échangé quelques mots avec les artisans, je repars avec un loup noir.
Comme d’habitude, je suis rentrée dans chaque église croisée sur mon chemin. Je ne sais toujours pas expliquer cette attirance particulière pour ces temples de marbres. Chacune d’entre elle abrite un chef-d’oeuvre, que ce soit son architecture générale, les peintures murales ou les vitraux. Je frissonne dès que j’en pousse la porte. Ces lieux m’émeuvent, alors que toute croyance chrétienne a quitté mon esprit depuis des années. Il doit y rester un brin de culture, perdue entre mes reste de catéchisme et les souvenirs de mon grand-père. Sans aller aussi loin, je m’y sens bien, tout simplement.
Après plus de dix kilomètres parcourus, des centaines de photos prises et plus de batterie, j’ai terminé mon évasion par une glace à la Gelateria di Nico, dégustée au bord de la lagune. Dernière glace de l’été.
Venise, tu m’as émerveillée. Je reviendrai.