En ce début de mars 2016, Facebook, via ses suggestions de souvenirs – photos ou messages publiés il y a quelques années – m’a rappelé innocemment qu’il y a huit ans l’Erasmus – la dolce vita – commençait. Sans se douter que, le coup de vieux mis de côté, j’avais prévu de retourner passer un weekend à Rome.
J’ai donc débarqué à Fiumicino huit ans plus tard, avec seulement cinq heures de sommeil dans les pattes, et une autre Camille qui ne connaissait pas encore la ville.
Retrouver l’odeur de Rome
Descendre du train et marcher, un peu groggy par ce premier soleil de l’année, celui qui fait éternuer et cligner des yeux. Les rues sentent le café et les pavés chauffés. On y est. C’est le Sud de l’Europe.
Une fois les valises posées à l’hôtel, les souvenirs reviennent à une vitesse folle. Cependant, ce n’est plus comme il y a huit ans. Je connais déjà, je n’ai plus la même insouciance. Je sais où je suis, j’ai mes repères, qui correspondent à des souvenirs.
En haut du Pincio, je portais ma jupe blanche – et j’étais follement amoureuse. A San Pietro, sombres crétins que nous étions, nous avions attendu trois heures sous la pluie battante pour assister à la messe de Pâques. Sur la terrasse de Freni e Frizioni, je ne compte plus le nombre de caipirosca alla fragola qu’on s’est envoyé en refaisant le monde, avant de retraverser ce Ponte Sisto et admirer le Vatican illuminé. On en avait fait des siestes dans le parc de la Villa Borghese. Sur la place San Giovanni on avait fait la fête pendant des heures. Et je ne compte pas les centaines de glaces mangées, tous les parfums goûtés chez Blue Ice. Je les ai foulé ces pavés romains… On venait d’avoir 21 ans, on avait l’insouciance de l’étudiant Erasmus en prime.
J’étais déjà revenue depuis, mais cette fois ci tout est allé trop vite. On a dormi à Trastevere et on a connu cette heure romaine sans touristes, au réveil. On a couru le long des berges du Tibre jusqu’aux extrémités de la ville. On a encore failli glisser sur les pavés millénaires du Forum. Bien sûr, on s’est perdues, et on est même rentré de nuit dans le jardin des orangers. Mais je n’ai pas eu l’impression de t’avoir retrouvée Rome.
Je reviendrai. On passera prendre un caffé au comptoir, et on les écoutera parler. De la pluie et du beau temps, et un peu de politique. Je t’ai dis Camille que je pouvais tomber amoureuse rien quand écoutant cette langue magnifique? Je reviendrai parce que j’ai jeté la pièce. De la main droite, via l’épaule gauche. Mais on ira en dehors de ces quartiers touristiques, vers la piazza Bologna, vers chez moi. On prendra de la buffala et deux tomates et on les mangera sur notre banc, comme de tranquilles vieux.
Deux jours c’était bien trop rapide. Une fois qu’on a mangé les glaces il ne reste que les souvenirs. Difficile de ne pas vivre dans le passé dans une ville chargée d’histoire, me disait un pote quand je lui parlais de mes états d’âme. Cette ville est incroyable mais figée dans le temps. Je comprends pourquoi elle ne plaît pas à certains de mes amis parisiens: les hipsters et les concept stores, tous ces petits endroits où on peut chiller, ne l’ont pas envahie. Peut-être cela est il dû à mon humeur du moment, mais il m’aurait fallu plus de jours, plus de lenteur pour la retrouver. Plutôt envie de regarder passer la vie en ce moment que de la subir, la laisser passer doucement, et la rattraper quand je l’aurai décidé. Les terrasses italiennes sont parfaites pour ça.
J’ai pris le bus en partant, je me suis faite secouer avec mes états d’âme sur les pavés. Et je me suis faite draguer dans l’avion par un vrai rital. Ma chère Italie, tu n’as pas changée, grand bien te fasse, c’est juste moi.
il faut pas mal de journée pour vraiment entrer dans l’histoire de Rome et visiter tout…j’ai apprécié mon séjour là-bas et je regrette de pas avoir vu tout le côté antique…
Retournez-y 🙂
C’est tellement une ville que je rêve de découvrir! Rome me fait rêver! Avec ta description Anna, on s’y croirait 🙂
Merci Rachel!
Merci Anna pour ce bel article. Le récit de ce weekend à Rome est prenant de par les photos mais aussi et surtout, de par la retranscription des sens que vous nous en faites. Visiter une telle ville, si riche en histoire doit être fascinant. Au plaisir de vous lire.
L’essence de Rome.
C’est difficile de retranscrire au travers de mots l’atmosphère d’une ville, et pourtant avec les tiens je m’y revois. Ce sont tes souvenirs, mais hormis la jupe blanche du pincio, j’y retrouve un peu des miens. Une vie d’étudiant Erasmus à Rome.
Et comme toi, lorsque j’y retourne, chacun de mes pas me ramène à un souvenir : parfois dingues, souvent beaux, et même nostalgiques en de rares endroits. Idiot mais vrai : j’ai systématiquement une pensée émue lorsque je passe près du banc de l’arrêt de bus de San Paolo ! Nuit terrible durant laquelle je me suis fait volé un chapeau auquel je tenais vraiment.
Je crois que c’est le premier commentaire que je poste sur un blog depuis au moins 10 ans, mais je tenais à dire que je suis admiratif des personnes comme toi qui nous font voyager et (re)voyager avec les mots.
Merci Anna.
Juste pour l’anecdote je suis arrivé sur ton blog en cherchant des infos pour le TMB en solo, et ton récit a fini de me convaincre. Si je croise le dahut, je ne manquerai pas de le saluer de ta part !
Thibaut
Merci Thibaut pour ton message. Ce sont ces commentaires comme le tien qui me donnent l’envie de continuer d’écrire 🙂
Bon TMB, profites-en, et n’hésites pas si tu as des questions! Prends-en plein les yeux surtout, ça reste une des plus belles expériences que j’ai faites à ce jour.
Anna
Ah ah les cafés de Rome avec les discussions ! J’adore l’ambiance des cafés en Italie (et aussi leur espresso au passage).
Rome est vraiment une ville magnifique. Il faudrait d’ailleurs que j’y retourne. Terrible envie d’aller à Rome en ce moment …
Et en effet, 2 jours c’est rapide, trop rapide pour Rome. Même pour un 2ème ou 3ème séjour 😉