L’île est magnifique, de couleur ocre, couverte de fleurs d’azalées et d’hibiscus. A s’y balader, quelques heures après avoir débarqué de l’avion, dans une atmosphère ensoleillée et chaude, on en oublierait presque pourquoi on est ici. Mais il y a des symboles historiques partout, comme pour nous rappeler que l’on est tous responsables. Et qu’avec des ancêtres commerçants à Nantes à l’époque, moi peut-être plus que d’autres.
On peut notamment visiter la maison des esclaves, un lieu symbolique réhabilité par l’Unesco, où l’on nous assomme de faits historiques et de chiffres affreux. Entre dix et quinze millions d’enfants, femmes et hommes ont été déportés d’Afrique en Amérique durant les trois siècles du commerce triangulaire. Cette maison aurait été la dernière « maison des esclaves » de l’île, la première remontant à 1536, construite par les Portugais. Au rez-de-chaussée se trouve les cellules, qui n’ont pas été entièrement rénovées, pour que l’atmosphère de l’époque soit ressentie.
Les femmes étaient séparées des hommes, comme les enfants et les jeunes filles vierges. Dans les cellules réservées aux hommes, de trois mètres carrés, on mettait jusqu’à une vingtaine de personnes, des chaînes les maintenant au cou et aux bras. Cela pendant des semaines entières, l’attente de départ durait parfois près de trois mois. Dans une autre pièce, on pesait les hommes. Un homme de 70 kg pouvait être échangé contre un fusil. A moins de 70 kg on engraissait l’homme, comme les oies, afin que cela vaille le coup qu’il fasse la traversée. Et comme toute île, cet endroit est entouré d’eau: on jetait les rebelles à la mer, pour qu’ils se fassent dévorer par les requins, qui étaient nombreux à l’époque.
Des historiens ont montré que le rôle de l’île de Gorée est néanmoins minime comparé à d’autres lieux. Cependant, cet endroit est un symbole, où de nombreux chefs d’Etats sont venus se recueillir, un lieu où notre passé de colonisateur se fait cruellement ressentir.
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