Je n’avais pas un parcours clairement défini avant de partir en Amérique latine, mais je savais que les Andes seraient la colonne vertébrale de ce voyage. Les longer, les traverser, et les gravir. La chaîne de montagnes commence en Colombie et finit en Antarctique, quelque part sous l’Atlantique. Je n’en ferai pas le tour. Mais je voulais les voir, y sentir l’ambiance et les parcourir, un peu.
L’altiplano andin
L’altiplano andin commence au Nord de l’Argentine, et recouvre une grosse part du territoire bolivien. De vastes plaines séchées, aux couleurs marron, jaunes, vertes kakis. On y trouve des cactus, de la broussaille, mais peu d’herbe. Relativement plat, et sec – trop sec pour moi. Seul le quinoa y pousse, et à voir les lamas farfouiller dans la terre, je me demande ce qu’ils arrivent à manger.
L’altiplano est très haut. Entre 3 000 et 4 000m d’altitude, sans neige, sans être sur un sommet au-dessus des autres. C’est étonnant, et tellement dépaysant pour moi. L’altitude me pique le nez. Tous les matins, je ne peux sortir du lit sans me moucher, le nez plein de sang. Les infusions de feuilles de coca n’y changent rien, il faut juste être patient et s’adapter. Et recommencer, après chaque redescente de quelques milliers de kilomètres. J’écoutais une émission il y a peu sur l’Everest, et les dangers pour le corps humain de rester trop longtemps à plus de 6 000m d’altitude. A 4 000 il y en a peu tout de même. Il parait que l’on mange moins les premiers jours, mais je n’ai pas vraiment vu la différence ! Par contre, je m’essouffle plus vite, et je n’ai pas osé ressortir mes baskets de running (à cause également des nombreux chiens errants qui pullulent en Bolivie).
Il fait froid sur l’altiplano. Dans le Salar, une nuit, la température est descendue à -8 degrés. Je dors rarement sans une couverture supplémentaire, et je n’ai pas remis de short depuis que j’ai quitté Paris. Le doux soleil de Sucre m’avait presque fait oublier cette réalité, mais les douze heures de bus pour La Paz, de nuit, sur les grandes étendues de l’altiplano, me l’ont gentiment rappelé. Après m’être endormie en regardant les étoiles et l’immensité du ciel à travers les vitres du bus, un froid glacial m’a réveillé. Pas de chauffage, pas de couverture. Et toujours à 4 000m d’altitude.
La Paz, capitale de l’altiplano
Puis, le soleil nous réveille doucement, et on ouvre les yeux face aux cimes boliviennes. Le Sejama, la plus haute du pays à 6 542m, l’Illimani – « la sentinelle de la Paz, 6 462m, le Huayna Potosi – 6 088m. Elles sont toutes là, les plus hautes du pays, que tant d’Occidentaux viennent gravir pour des sommes ridicules. Elles ne semblent pas si hautes finalement, culminant à 2 000m au-dessus de nous. Mais elles sont enneigées. Et rien que ça, ça efface les douze heures de bus qui viennent de passer!
J’avais un peu peur de la Paz. Car c’est une capitale – on a dit que Sucre c’était juste le judiciaire – et qu’on m’avait prévenu qu’elle était un peu folle. Après trois jours passés sur place, je ne sais toujours pas quoi en penser. Cette ville est particulière. Dense, impressionnante, curieuse avec toutes ses maisons construites à flanc de falaise, attirante, mais éprouvante également. On y arrive en bus via les plaines désertes de l’altiplano, avant de tourner dans la banlieue de El Alto. C’est seulement à ce moment que l’on descend dans la ville, virage par virage, et que l’on voit l’immensité de son urbanisation, en cuvette. Le bus nous dépose à la station centrale, directement dans la frénésie de la capitale. Maisons de briques rouges tout autour de nous, téléphériques flambants neufs pour rejoindre les hauteurs, immeubles gigantesques au centre, et sommet enneigés au fond. Tout cet ensemble dans une frénésie qui n’a rien à envier à la Défense.
Comme d’habitude j’ai pris un tour guidé de la ville, pour découvrir le marché aux légumes, le marché aux sorcières, goûter un sandwich à l’avocat et boire un api – boisson chaude au maïs violet, en parlant politique bolivienne puis européenne, avec Alexis, un Franco-Grec. Je me suis baladée de téléphérique en téléphérique – construits par des Suisses et des Autrichiens – sans les skis aux pieds, et j’ai gravi les collines pour dénicher les nombreux miradors où l’on peut regarder cette ville bouger – Killi Killi, El monticulo, et El Alto, à 4 000m, toujours. Le spectacle est captivant. Le regard se pose partout, sans que l’esprit ne puisse réellement se reposer. Je suis en alerte à chaque instant, prête à partir de la ville au plus vite, pour aller vers le calme du lac Titicaca.
Tips numéro 6 : prévoir un budget toilettes « bano » en Bolivie. Chaque utilisation de toilettes est payante, sauf dans les auberges et hôtels. 1 ou 2, ou 5 bolivianos par utilisation, même si on a déjà du papier avec soi, et alors qu’il faut souvent se boucher le nez et fermer les yeux pour y aller.