Il y a des lieux qu’on a du mal à quitter. La Casona de la Albahaca en fait partie, comme d’autres plus tard sur mon chemin. Quatre nuits ici, dans une maison où l’accueil et la bienveillance sont de rigueur, entre la gentillesse de Toni – le gérant italien, toute l’équipe qui te tape une bise au réveil, et les autres voyageurs, quasiment tous des Porteños en vacances. Le matin c’est petit dej commun, l’après-midi Tino gratte la guitare, et le soir ça débat sur la marche du monde. Quatre jours entre balades et repos, qui m’ont enfin permis de déconnecter, et de rentrer pleinement dans ce voyage.
Et sinon, une semaine dans le Nord Argentin, ça donne quoi ?
Salta et sa province
La petite ville de Salta ne vaut pas forcément le détour, si ce n’est pour son MAAM, le Musée archéologique de Haute montagne, où les rituels – ou sacrifices – de l’époque Inca sont expliqués, avec l’exemple morbide de trois petits enfants conservés, car retrouvés à 6 000m d’altitude. Première rencontre intéressante avec la culture inca.
On m’avait recommandé de faire la route entre Salta et Cafayate, au sud, en voiture. Faute de coéquipiers, j’ai pris un tour organisé d’une journée et un guide, pour visiter la Quebrada de la Conchas. Bien m’en a pris, le canyon d’une centaine de kilomètres est magnifique ! Des montagnes et des formations rocheuses rouges, parsemées de cactus. Et au milieu une mini rivière, qui apporte un peu de vert à l’ensemble.
Une journée très agréable partagée avec Pauline et Sylvain (deux Grenoblois), qui s’est prolongée avec empanadas, Quilmes, et Ferret – boisson argentine au goût amer de plante, qui se boit avec du coca – entre francophones, dans une peña, pour écouter de la cumbia. On ne dansera pas cette fois-ci, mais je suis certaine que Pauline me chantera la « Zamba para olvidarte » la prochaine fois que je la verrai.
Tilcara, et la Quebrada de Humahuaca
De Salta, il y a environ 4h de bus pour rejoindre Tilcara. Passé la ville de Jujuy, les paysages changent, pour encore plus d’aridité et de sécheresse. La route suit le lit d’un fleuve inexistant, les montagnes qui nous entourent sont piquées de cactus.
Arrivée à Tilcara, on me donne carte du coin et conseils, puis je suis conviée à l’asado de l’auberge le soir même, et une Porteña m’invite à la suivre le lendemain pour une balade. Mes plans de repos pour me remettre de ma crève sont repoussés à plus tard.
Direction Humahuaca et sa montagne El hornocal à 45 minutes en taxi de la ville. Sa particularité ? Un flanc de toutes les couleurs, et un chemin de quelques minutes à 4 350m d’altitude pour y accéder. Les photos ne font pas honneur aux différentes teintes, mais je garde en tête les jaunes, roses, violets, et bleutés que j’ai pu admirer alors que mon souffle ralentissait.
Mon coup de cœur se trouve au stop suivant, à Uquia. Après le cimetière commence un petit sentier au milieu des cactus, qu’on suit pendant une bonne heure. Au fond se trouve un cirque rose et blanc, et violet. Un mélange entre le Colorado et la Cappadoce. Espectacular. J’ai perdu mes coéquipiers à marcher trop vite, mais peu importe, le fait d’être seule augmente le sentiment de plénitude de se trouver ici, maintenant.
Lors d’une autre journée, je suis allée à Purmamarca. La petite balade sur le chemin des couleurs – El paseo de los colorados – m’en met encore plein les yeux. Décidément cette région est totalement dépaysante. C’est juste trop sec pour moi, il y a trop de poussière. Je ne suis pas une fille du désert, je suis une fille de la pluie, du vert et du bleu, des collines bretonnes et de la douceur d’un lac, qui m’apaisent. Pourtant c’est magnifique, alors je prends toutes les couleurs qu’il y a à prendre dans mes mirettes.
Le reste de mon temps à Tilcara, je le passerais dans le patio de l’auberge, pour écouter les discussions et partager le maté avec les Argentins. Le premier prépare la mixture d’herbe de maté, le second verse l’eau chaude dedans et passe la tasse à son voisin. Une fois le breuvage siroté, la tasse revient au second, qui reverse de l’eau chaude dedans et fait passer. Une vraie activité sociale que j’apprécie de plus en plus.
Tips numéro 3: ici, en Argentine, c’est une bise sur la joue droite. Et pour un peu plus d’authenticité on passe le bras droit sur l’épaule de l’autre, quand on connaît un peu la personne.