Carnet de voyages en Nouvelle-Zélande, Europe et Amérique du Sud
Courir le semi-marathon de Buenos Aires, quelle idée!

Courir le semi-marathon de Buenos Aires, quelle idée!

Pour faire un bon semi-marathon, prenez une belle ville, avec une date à la fin de l’hiver ou au début de l’automne, trouvez des potes qui veulent le faire avec vous, et commencez une bonne préparation, avec un plan solide sur 10 semaines, et un bon coach. Payez le dossard, prenez le billet d’avion, et commencez la prépa.

Voilà.
C’est ce que j’ai fais en juin dernier. J’ai payé mon dossard pour le semi-marathon de Buenos Aires, qui était prévu 5 jours après mon arrivée sur le sol argentin. Puis j’ai commencé ma prépa, en pleine canicule, alors que la température à laquelle j’allais le courir n’excéderait pas 10 degrés. J’ai trouvé un coach qui fournissait la carte du métro local en plus de séances fractionnées millimétrées, en échange d’une Quilmes et de toute ma reconnaissance. Et j’ai suivi la prépa. Je vous passerai le détail de ce mois de juillet, entre cartons et clôture de dossiers, sans grasses mat’ et avec plus d’une centaine de tours cumulés autour du lac des Buttes Chaumont.

Toujours est-il que je suis allée chercher mon dossard ce vendredi, au fin fond d’un parc, auquel on n’accède qu’en voiture ou en vélo – loué pour quelques dizaines de pesos. 12km aller-retour sous la pluie, pour m’entendre dire que je n’avais pas imprimé mon certificat médical, donc que je ne pourrai pas courir. On est en Amérique latine, on s’arrange. Alors c’est passé, non sans stress. J’avais mon dossard. Puis il a fallu trouver un logement pas loin du départ, afin de m’éviter de prendre moultes trains aux aurores le jour même. Les plans initiaux ont été adaptés, le stress a diminué, et j’ai mangé seule mes pâtes la veille de la course (ah oui, c’est le seul détail de la recette initiale que je n’ai pas suivi: prendre des potes avec moi, pour faire cette course ensemble).

Réveil à 5h30. Il fait encore nuit. A part peut-être au marathon de Paris je n’ai pas le souvenir de m’être levée aussi tôt pour une course. Bananabread avalé, nok appliquée et lacets attachés, puis Uber pour parcourir les 4 kilomètres qui me séparent encore du départ. Il fait encore nuit, puis j’ai froid en short, avec mon petit t-shirt noir Adidas Runners Paris.
7h30. Le départ est enfin donné sur « Don’t stop me now » de Queen. Comme si mes amis m’envoyaient un dernier message de soutien.

Il me faudra bien trois kilomètres pour remonter la course et doubler tous ceux qui ne sont pas partis dans leur sas initial. On est en Amérique latine, on a beau avoir un bracelet indiquant notre temps, personne ne vérifie les entrées dans les sas, ce qui fait un beau bordel au départ.
Enfin, je trouve mon rythme. On a dit 4’44, il va falloir tenir. Le jour se lève doucement sur les grandes allées porteñas. Un peu de cumbia à gauche, quelques supporters à droite. Au kilomètre 8, juste après avoir pris mon premier gel, j’aperçois la première montée. On m’avait pourtant assuré que le parcours était plat. Tant pis, je m’accroche, et je me prends à imaginer qu’en haut de cette mini montée de Charenton m’attend une banderole toute moche « Go Badaboum », et les supporters qui vont avec.
Le rythme ralenti, ils ont mis des ravito presque tous les deux kilomètres, et en slalomant entre les gobelets de powerade et les peaux de banane on perd du temps. Il n’y a personne sur les trottoirs en ce dimanche matin. J’entends quelques « arriba » et « animo », mon esprit invente des « c’est beau ce que vous faites » ou autres « allez, t’as fais le plus dur, après c’est que du bonheur ». C’est sans compter sur les 3-4 kilomètres d’autoroute qui arrivent, en plein vent, avec les voitures dans l’autre sens et les avions qui atterrissent au dessus de notre tête. Pour la belle visite touristique on repassera.
Le nez commence à piquer à cause de la pollution. Le mollet tire. Les tunnels arrivent. Ma bête noire. Mais je ne suis pas à Paris, je n’ai pas fait tout ce voyage pour ne pas atteindre mon objectif. J’essaye d’arrêter de râler. Je n’ai plus de jus, j’attrape un quartier d’orange, comme un pied de nez aux conseils de Pascal, et je serre les dents. J’aperçois enfin l’arrivée et je tente une accélération après un dernier coup d’œil à ma montre. Arche dépassée. Objectif atteint, moins de 1h40, moyenne de 4’43 au kilomètre tenue.

Voilà, c’est fait, j’ai dépassé mon record personnel. Pourtant il n’y a personne avec qui sauter de joie, personne pour voir mon sourire dans lequel s’efface tout le stress des dernières heures, ni pour partager ma satisfaction d’y être arrivée. On me passe une médaille autour du cou, je m’incruste au stand des Adidas Runners Buenos Aires pour discuter avec le coach et faire une photo souvenir, puis je me dépêche de rejoindre Pili et sa sœur, qui m’emmènent à l’asado – barbecue – familial du dimanche.
L’aventure sud-américaine peut commencer.

Tips num 2: le dulche de leche, c’est déconseillé avant une course.

2 comments

    • Merci Barbara! C’est plus de la pollution dont j’ai souffert 🙂 et je me remets encore doucement du décalage horaire, à me réveiller vers 7h tous les matins, comme si j’allais bosser!

      Réponse

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge