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Salar d’Uyuni et Sud Lipez: 4 jours inoubliables

Salar d’Uyuni et Sud Lipez: 4 jours inoubliables

Faire l’expédition du Salar d’Uyuni, comme on le résume souvent trop rapidement, c’est une expérience en soi. Il faut déjà avoir en tête que le Salar d’Uyuni en soit n’est qu’une demi-journée sur les quatre jours d’excursion. Puis il faut rejoindre une des deux villes d’où commencent les tours, Tupiza ou Uyuni, et trouver le tour qui convient. Comme ailleurs, le meilleur prix ne rime pas forcément avec meilleur service. Il y a eu des morts parmi les touristes il y a quelques années, des 4×4 qui se sont renversés. Même si ça pourrait arriver partout, comme dans la baie d’Halong en 2011, je n’avais pas vraiment envie d’y rester. J’ai trouvé mon tour, j’ai envoyé un message aux parents et aux copines la veille du départ pour dire que le wifi allait couper pendant quatre jours, et je suis partie faire cette excursion touristique, mettant ma (petite) peur au ventre de côté. Et l’expérience a été inoubliable.

Conseils pratiques

Les excursions commencent à Tupiza, ou Uyuni. On conseille à ceux qui veulent passer directement à San Pedro d’Atacama, au Chili, de faire les tours depuis Uyuni. Pour les autres, Tupiza est la meilleure option: quatre jours de visite, les mêmes prix qu’à Uyuni, et moins de touristes. Arrivant de la frontière argentine, Tupiza était le plus simple pour moi, et ça me permettait de faire une boucle en finissant à Uyuni.

La ville ne vaut pas le détour, je n’y ai passé qu’une nuit, le temps de trouver une compagnie qui me semblait bien, et on est partis tôt le lendemain matin. Entre-temps, ma compagnie trouvée la veille avait changé, par manque de place, et j’ai appris à 7h15 que je partais 5 minutes plus tard, avec une autre compagnie. Les joies du voyage organisé, et de tous ces petits détails sur lesquels tu n’as strictement aucune prise, quelque soit ton niveau de râlage. Va pour Valle Hermoso donc, et son guide-chauffeur, Andres. C’est parti pour 1 050km, 4 jours et 3 nuits dans un 4X4 au milieu du désert, à 3500m d’altitude en moyenne, avec quatre autres voyageurs, et une cuisinière. La compagnie était ni extraordinaire, ni mauvaise, le guide un peu blasé, les repas très bons. C’était bien, mais on peut trouver mieux (on m’a beaucoup parlé de Natural Adventures, ou la Torre, mais je ne peux confirmer).

Sud Lipez, jours 1 et 2

Quitter la ville pour le Far West. Les paysages ressemblent encore beaucoup au Nord de l’Argentine, que je viens de quitter. On roule au milieu de canyons, on monte en altitude, doucement. La route se transforme en piste, avec un peu de neige par moments, sur les côtés. On traverse des rivières, secoués à l’arrière de la jeep. Mon énervement d’avoir été embrouillée d’une compagnie à l’autre descend peu à peu. Je discute avec les deux Françaises à l’arrière, Margot et Elina, des Alpes, et de nos voyages. Andres nous arrête en bord de route. A droite il y a un troupeau de lama. Mes premiers lamas, enfin! Telle une Parisienne qui va photographier des vaches, j’essaye de m’approcher pour les apprivoiser. Sans succès. On croisera plus tard des vicuñas, lamas sauvages beaucoup plus farouches, aussi fins que des biches. Et on apercevra une andu, une autruche sauvage, et des pincajas, sortes de chincillas sauvages.

Les paysages se suivent sans se ressembler. On est toujours dans le désert, c’est très poussiéreux. Chaque 4×4 qui nous dépasse laisse derrière lui un nuage de sable sur des kilomètres. Après plusieurs stops, dont un à 4 855m d’altitude au-dessus d’un lac, on s’arrête pour notre première nuit à Quetena Chico, un tout petit village de 160 familles. Il fait froid, il n’y a pas de douche, je dors en legging sous trois couvertures. Le thermomètre descendra à -8° au milieu de la nuit.

On nous réveille à 6h du matin pour aller voir notre première lagune. J’enfile juste un pantalon au dessus du legging, et j’enfonce mon bonnet sur ma tête. Thé, dulche de leche, pain, c’est parti. Les couleurs du matin qui défilent devant nous depuis le 4×4 sont incroyables. On est presque seuls au monde, à des centaines de kilomètres de toute civilisation, entre Chili, Argentine et Bolivie. Les rayons du soleil nous réveillent sur notre première lagune. Le meilleur reste à venir. Kollpa Laguna, la deuxième lagune, est pleine de flamants roses. Comme avec les lamas, on essaye de s’approcher un maximum, les regardant s’envoler un à un. Quel spectacle, quel réveil!

La journée continue, entre un bain dans des eaux thermales de 38° à 4330m – non sans quelques hésitations quant à la température extérieure, des lagunas face au volcan Licancabur, qui marque la frontière avec le Chili, des geysers à 4 970m d’altitude – le point le plus élevé de l’excursion, et la Laguna Colorada, mon premier coup de cœur.

Sur ce lac de 70 kilomètres carrés, se trouvent des flamants roses. Pleins de flamants roses. Assise au bord de la lagune, je n’arrive plus à détacher mon regard de ces oiseaux. Ils ne font rien de spécial à part manger, puis écarter leurs ailes pour s’envoler jusqu’à l’autre bout du lac. Mais on pourrait rester des heures à les observer, tellement le spectacle est magnifique. A trente ans passés, je viens de me découvrir une nouvelle passion.

Le Far West, jour 3

Le troisième jour est plus tranquille, avec moins de kilomètres, moins de lagunas. Les formations rocheuses ressemblaient encore à celles de l’Ouest américain, couleurs ocres perdues au milieu du désert. On a pu voir une forme de coupe du monde – qui fait dire à tous les guides que c’est pour cela que l’équipe de Bolivie n’a pas besoin d’aller disputer la Coupe du monde de football – en forme de chameau ou autre animal étrange. Les lamas se suivent, tout comme les flamants roses. Notre guide est blasé, on échange peu, mais on arrive souvent les premiers sur les lieux, ce qui nous permet de voir plus d’animaux, et d’apprécier les espaces quasi vierges de touristes.

On longe des champs de quinoa, l’équipée s’endort dans le 4×4. On prend notre déjeuner dans un petit village abandonné, où subsistent trois chiots, et quelques enfants attendant le passage du bus scolaire. La présence d’humains au milieu de nulle part, loin de toute ville, et aussi haut en altitude, me semblent toujours aussi étrange, même après trois jours dans cette atmosphère de bout du monde.

On a pris possession de la playlist, laissant au guide le soin de conduire. Tout allait bien dans la jeep, on entendait David Bowie au dessus du bruit des roues sur les cailloux. Jusqu’à ce que mon doigt ripe sur ma playlist du Québec, et que les trois Françaises de l’équipe se mettent à chanter à tue-tête « j’irai où tu iraaaaaas, mon pays sera toi, j’irais ou tu iraaaaaas qu’importe la place, qu’importe l’endroit ». Les deux Allemands à l’arrière n’ont rien compris.

Salar d’Uyuni, dernier jour

Dernier jour. La nuit a été passée dans un hôtel de sel, après avoir partagé une bouteille de vin rouge bolivien – pas excellent. Le réveil pique, il est à peine 5h et il fait nuit. Mais cela en vaut la peine, nous arrivons avec les premières lueurs du jour sur le Salar, cet immense désert de sel de 12 000km2, à plus de 2 100m d’altitude. A une demi-heure de route sur le sel, se trouve une petite île, recouverte de cactus. C’est là que nous admirons le levé de soleil, dans le froid, émerveillées par ce spectacle, qui me rappelle la beauté de Bromo, en Indonésie. L’horizon se remplit peu à peu de couleurs, et le soleil se dessine entre les cactus – à coté desquels se trouvent de petits écriteaux « no tocar », pour nous rappeler de ne pas les toucher.

Après le petit déjeuner, pris sur une table de sel et des chaises de sel – me congelant les fesses, on reprend la route, pour l’arrêt photo obligé au milieu du Salar. Cette étendue blanche permet de faire des photos avec une perspective intéressante, alors comme tout le monde, nous nous plions au jeu de la photo la plus rigolote, sans grand succès vu le peu de talent de notre guide. Tant pis, on se marre bien à essayer des poses toutes plus ridicules les unes que les autres.

L’horizon se fait de moins en moins blanc et salé, et la ville d’Uyuni approche. C’est avec regret que je dis au revoir aux filles. Elles partent au Sud, je remonte au Nord. Nos chemins se croiseront surement à nouveau plus tard.

Tips numéro 4: prévoir une bonne playlist. Pas forcément du Céline Dion, mais ça peut être très long quatre jours de 4×4, surtout quand le guide n’a que de la Kpop bolivienne.

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