Originaire de Nantes, et ayant encore quelques racines là-bas, j’avais envie d’y retourner depuis plusieurs années, pour voir un peu de quoi cette ville était faite. J’ai donc sauté sur la première occasion se présentant, c’est-à-dire le déménagement de mon ami-collègue Mickaël, et son invitation à venir voir les Géants début juin.
Les géants de Royal de Luxe, qu’est-ce donc?
Royal de Luxe, pour Nantes c’est un peu comme le festival à Avignon, un évènement culturel indissociable de la ville. Lors de leur premier spectacle en 1990, ma mamie était venue s’occuper de moi pour la naissance de ma sœur, et on était allé admirer le spectacle sur la place de la Cathédrale, depuis les anciens bureaux de mon père. D’ailleurs, mamie en parle encore avec des étoiles dans les yeux… Et mes parents, comme beaucoup d’autres choses liées à Nantes, nous ont souvent parlé de cette compagnie, qui a depuis élu résidence sur l’Île aux machines, avec notamment un éléphant mécanique qui s’y promène de temps en temps.
Alors quand j’ai vu que Royal de Luxe revenait en juin 2014 avec un nouveau spectacle, et qu’en plus je pouvais être logé – et, accessoirement, faire la fête – je n’ai pas hésité longtemps avant de prendre mes billets de train!
Quelle magie que ces géants qui se baladent dans les rues, guidés par les troupes de Royal de Luxe, avant d’aller dormir et ronfler place de la Petite Hollande! Cette année, Nantes accueillait deux géants, venus du fin fond de la Galaxie, du mur de Planck plus exactement, une grand-mère et son petit fils. Cette dernière est venue raconter des histoires aux Nantais, avant de passer dans l’au-delà. C’est incroyable l’émotion et la ferveur que suscitent ces étrangers de passage dans la ville. Un flot continu de passants a accompagné les deux géants pendant les quatre jours du long weekend, applaudissant sur leur passage, sur la pointe des pieds pour pouvoir écouter comme il se devait la traduction des contes de la grand-mère. Ils étaient beaux, et nous, on était dans un autre monde pendant quelques heures.
Nantes, ma capitale de l’Ouest
Les géants une fois admirés, on est parti se balader dans les ruelles et les passages nantais, car j’étais tout de même venue voir un ami et (re)découvrir la ville. Et je dois dire, en toute objectivité, que j’en redemande des weekends comme ça!
La ville est à taille humaine, remplie de bars et de bonne humeurs, et l’on arrive même y à croiser des amis d’amis au détour d’une bière. Le weekend commence le vendredi soir au soleil d’une terrasse, et se finit le dimanche aprèm, allongée dans l’herbe du Jardin des voyages, à digérer le brunch gargantuesque du midi. Entre-temps, on a essayé de passer à travers les cerceaux lumineux du quai des Antilles, et on est restée émue devant les chiffres aberrants du « Mémorial de l’abolition de l’esclavage », et toutes ces nombreuses plaques au sol portant le nom des navires partis contribuer à ce triste commerce triangulaire. On est allé voir AnnA de Bretagne, et son château, en faisant une pause à la Cathédrale, où on a été accueillis par un « Approchez! Visite guidée gratuite et rapide, suivez-moi, allez, allez », visite par un guide complètement allumé, qui nous a néanmoins appris beaucoup de choses. J’ai aussi rencontré des gens vraiment sympas, qui m’ont accueillis chez eux alors que je les connaissais à peine, ou m’ont gentiment porté sur leur dos – ben oui, après trois heures du matin j’avais vraiment trop mal aux pieds, à cause de mes talons. Je ne sais pas comment décrire ce weekend avec exactitude, mais tout m’a semblé tellement agréable, simple et facile, que j’étais bien dégoûtée de rentrer sur Paris le soir…
Alors oui, Nantes, capitale historique de la Bretagne, est ma capitale de l’Ouest. Pour la petite histoire, lorsque nous étions petites, ma sœur et moi, la Bretagne (et nos cousins) nous manquait tellement, qu’on se disait que lorsqu’on serait grandes on retournerait vivre à Nantes, pour se rapprocher de l’océan, et de nos racines. Mais plus tard, en quittant la maison familiale, je me suis rendue que mes montagnes me manquaient bien plus que l’océan, et que je m’étais créé, sans faire exprès, des racines haute-savoyardes. Donc à bien y réfléchir, mon penchant nantais serait plutôt Lyon. Mais comme chantait l’autre, « je suis né quelque part, laissez moi ce repère ou je perds la mémoire… »