Peu d’articles rédigés ces derniers mois.
Après avoir mis le pied dans cinq pays différents en l’espace d’un mois en Octobre dernier, mon porte-monnaie avait besoin d’une pause. Et moi aussi. J’ai donc passé la plupart de mes weekends d’automne à Paris, à me reposer et me balader dans ma ville.
Alors oui, cette capitale n’est pas mon idéal de vie, la montagne, l’océan, le grand air, tout simplement, me manquent.
Mais quitte à y vivre pour une durée déterminée, autant prendre TOUT ce que la capitale a à donner. Alors que j’y débute ma quatrième année, il y a toujours une petite boutique ou un bar à découvrir, une ruelle devant laquelle s’émerveiller. Des expositions intéressantes, des concerts uniques, des soirées dans des lieux incroyables. Le concept est de ne jamais dire non, ou rarement. Un concert au Divan du monde avec seulement 2 000 autres personnes n’aura pas la même saveur qu’un live au Zénith. Le bobun du Petit Cambodge sera forcément suivi d’un verre de vin chez Prune, alors que l’Alibi se suffit à lui-même. On en vient quand même à prendre des habitudes, et à ne plus bouger de nos quartiers, le notre (aaah République) et ceux des copains. C’est pour cela que lors de mes balades, j’essaye de changer un peu des dimanches à se promener dans le Marais, ou à Montmartre, lieux certes magnifiques et agréables, mais bien trop connus.
Dans les rues de Paname
Pour contrer cette routine de quartier, avec ma copine Camille (une autre ancienne coloc marseillaise, comme Pauline, amie de longue date), on se cale des « virées quartiers/ arrondissements » de temps en temps. Une petite balade au gré de nos envies, pour aller voir des villas, une petite ceinture oubliée, ou des salamandres de trois mètres sur les immeubles.
Le concept est simple: on se renseigne un peu avant d’y aller, via un guide de la ville ou des blogs locaux, et on se donne rendez-vous à une station de métro. Appareils photos en bandoulière, on se promène au détour des ruelles pendant quelques heures, dans les rues de Paname, comme dirait la chanson. Au bord de l’eau. Ou par là, il paraîtrait qu’il y a une villa – cour semi-fermée de plusieurs immeubles, une cité. Regarde cette porte cochère qui date d’avant la Révolution. Et si on passait par cette rue? On m’a dit que c’est ici qu’il y a la plus belle vue de Paris.
Les ruelles « secrètes » de Danube
Rien n’est jamais vraiment secret à Paris. Un bon plan se passe de bouche en oreilles et devient un lieu commun quelques mois plus tard. Cependant, il y a tout de même bien des endroits où l’on peut réussir à oublier que l’on se trouve dans la capitale. Derrière les Buttes Chaumont, par exemple, se cachent deux quartiers avec de magnifiques petites ruelles.
A quelques pas du métro Danube, sur cette ligne 7 bis que personne n’emprunte jamais, on trouve de petits passages pavés que seuls les piétons peuvent emprunter. Villas Amalia, Claude Monet, Paul Verlain. De petites maisonnettes de deux étages de chaque coté, accompagnées d’un jardinet, où les trottinettes sont posées contre les chaises de jardin. On se croirait ailleurs, dans n’importe quelle ville de région. La lumière feutrée sort entre les rideaux des chambres. Ils n’attendent plus que nous pour sortir la tarte au pommes du four et la poser sur la table à manger. Un de ces endroits qui me murmure « et si on rentrait à la maison ».
Il y a un autre quartier où j’aime bien passer avant d’errer dans les allées des Buttes Chaumont, autour de la rue Edgar Poe. Venir ici se mérite – tout comme les Buttes-Chaumont. Il faut prendre son courage à deux mains et gravir les escaliers raides au niveau de la rue Simon Bolivar, et là, on entre au niveau de ces quatre rues silencieuses qui surplombent Paris. On n’y croise pas de voitures, mais des chats, des maisons en brique rouge, quelques vélos, des jardins collectifs, et des intérieurs douillets. L’essentiel.
Les villas du 16ème arrondissement
En décembre, on est allé dans le 16ème arrondissement, à l’autre bout de la ville. Rendez-vous donné à Dauphine, à la limite de la commune parisienne. On longera le périph, le long de bâtiments immenses et incongrus, comme cette ambassade russe légèrement bling-bling. On se perdra quelques instants au milieu de ces allées immenses, dans lesquelles on mettrait facilement trois de nos rues de l’Est parisien. Puis, au milieu d’un square, enfin, on tombera sur des restes de la petite ceinture, cet ancien chemin de fer qui faisait, il y a plus d’un siècle, le tour de la capitale. Il en reste aujourd’hui un chemin plein de feuilles mortes, restes de verdure au milieu des grands immeubles blancs haussmanniens, qui débouche sur une gare quasiment abandonnée.
Après plus de trois ans ici, j’ai toujours l’impression de ne connaître qu’un quart de la ville. Je sais qu’à chacune de mes balades à pied ou à vélo je découvrirai un détail que je n’avais jamais remarqué auparavant, ou un nouveau quartier. Prochaine étape: les passages du 3ème arrondissement, au milieu du Sentier, puis les villages du 14ème. Oui, on dit « villages » ici aussi.
Et parfois, on fait notre marche du dimanche avec deux millions d’inconnus, pendant quatre kilomètres, entre notre statue de la République et celles de la Nation. On porte des slogans au lieu des appareils photos, en tenant la main de son petit cousin, chantant la Marseillaise à l’unisson avec tous ceux qui nous entourent. Ce dimanche après-midi restera longtemps dans ma mémoire.
Pas facile de continuer d’aimer Paris dans ces conditions, pas facile de continuer à marcher le long des boulevards et de prendre un verre le long du Canal. Néanmoins, après avoir allumé une bougie sous la République, on continue, on repart doucement. On n’oublie pas. On n’oubliera jamais, même si les arrêts au pied de la République se raréfieront. Mais on continue. Parce que c’est la vie qu’ils dessinaient.