J’ai passé quelques jours à Berlin cet été. Ce n’était pas ma première fois, j’y étais déjà allée en 2012, visiter alors la porte de Brandebourg et autres lieux emblématiques. Cette fois-ci j’ai suivi des amis pour une semaine de vacances, balades et découvertes en évitant les sites touristiques.
Entre deux virées familiales estivales, j’ai oublié toutes mes considérations politico-sociales germanophones et j’ai glissé maillot de bain et bonnes adresses dans mon sac. Comme Berlin est la capitale européenne incontournable ces dernières années pour tout (hipster) Parisien qui se respecte, chacun a une adresse à partager, que ce soit le meilleur kebab, le lieu le plus chill pour écouter de l’électro, ou la dernière piscine qui a ouvert. On ne peut donc plus partir tranquille sans une longue liste de recommandations.
Pourtant, pendant ces cinq jours je n’ai pas ouvert mon guide de voyage et j’ai très peu consulté ces adresses. J’ai juste suivi le mouvement et je me suis laissé porter, notamment par Meryem qui avait vécu là l’année précédente.
Joyeux tropiques
Cinq degrés de plus qu’à Paris en ce début du mois d’Août. On a beau être en short et en Birkenstock, on rase les murs à la recherche de l’ombre salvatrice. Levés en douceur, avant d’aller prendre un frühstück en terrasse, puis profiter du temps restant pour faire une sieste. Le rythme est lent, pour un peu on se croirait en Espagne.
Comme partout ailleurs à cette période de l’année, les locaux sont partis au frais. Il ne reste que quelques survivants et touristes, comme nous, à la recherche de fraîcheur. Parcs, lacs, piscines, autant de coins de verdure quasi déserts (pour rappel, la superficie de Berlin équivaut à huit fois Paris intra-muros), parfaits pour notre dynamisme .
Premier stop au lac de Flughafensee, perdu au milieu d’un parc, à deux pas de Tegel. Un lieu inconnu pour la plupart des taxis croisés à l’aéroport, mais avec de vraies plages de sable – et de vase, et cette fraîcheur caractéristique des lacs nordiques. Débarquée ici avec mon bagpack après plusieurs heures de vol, au milieu des enfants braillards et autres locaux, j’apprécie cette douce introduction dans la ville.
Les jours suivants, on enchaîne avec les piscines à ciel ouvert au cœur de la capitale. Grâce au bouche à oreilles, on se retrouve en soirée à Haubentaucher, en plein quartier Friedrichshain. A peine le temps de profiter des derniers rayons de soleil dans l’eau que le lieu se transforme en club, au son des DJs invités, sous les étoiles de la ville. Le nœud du maillot dépassant du t-shirt importe peu, on s’enjaille, emportés par l’ambiance du lieu. On remettra ça le lendemain, en partant bronzer au Badeschiff, dans ce bassin installé sur la Spree – le fleuve qui traverse Berlin – au milieu d’anciens entrepôts désaffectés. Un après-midi à bouquiner au soleil sur les transats, au milieu des canaux, entourés d’Européens en goguette comme nous. Les vacances.
Rajouter à cela notre lenteur d’action caractéristique de cette semaine berlinoise, et il faut comprendre notre intérêt pour les parcs, ainsi que pour chaque source d’eau. On se retrouve par hasard au milieu d’une fontaine pour enfants, à jouer avec l’eau au milieu des cris des bambins en culottes, aussi heureux qu’eux. Puis, dès que les rayons baissent, on grimpe sur les rooftops chercher la lumière, tels des lézards. Face à la Berliner Fernsehturm, pieds nus hors des sandales à siroter du Club Maté. La vie simple.
Il faut néanmoins préciser que cette semaine n’a pas été que farniente (et nourriture). On avait nos chaussures de running dans nos sacs, comme à chaque déplacement dorénavant, et on s’est fait une session de quelques kilomètres à Tempelhof, au milieu des pistes de décollage de cet aéroport abandonné, réinvesti par les habitants des quartiers environnants. Incongru et tellement agréable que de courir sur des kilomètres de piste au milieu de l’immensité verte.
Une semaine à Berlin
Je n’ai pas pris le temps de tester toutes les recommandations, deux jours avant la fin de notre séjour je recevais encore des emails me disant d’aller faire un barbecue dans tel parc ou manger dans tel bouiboui. On s’est occupé de moi pendant une semaine, me baladant d’un endroit à l’autre, je dois avouer que je n’avais parfois aucune idée du quartier dans lequel je me trouvais.
Si on me pose la question des essentiels pour un premier voyage à Berlin, je proposerai d’aller faire un tour à l’East Side Gallery ou autour des musées de Mitte, pour saisir les bases de la ville. Pourtant cette fois-ci je n’ai vu aucun pan du mur, j’ai à peine aperçu la porte de Brandebourg en passant en bus, de nuit.
Disons que lors de mon prochain séjour, j’irai en priorité à ces endroits:
- Le quartier de Kreuzberg, et ses frühstück, petits déjeuners améliorés.
Notre appartement se trouvait dans ce quartier. Les immeubles y sont bas, et on trouve plein d’arbres et de fleurs sur les terrasses et les devantures des concept stores. Une ambiance village, sublimée par le nombre de vélos et de poussettes que l’on croise. Pour un peu, on se croirait à Brooklyn. Je ne m’étais pas rendue compte lors de mon premier séjour à quel point Berlin avait un air de New York, les gratte-ciels en moins. - La balade dans les ruelles de Bergmannkiez, antre de hipsters, aux devantures colorées. En poussant un peu plus loin, on débouche sur le parc Victoria, et le beergarten Golgota. Vide, un samedi soir, le bonheur quand on débarque de Paris.
- Hakerschermartk et les petites cours cachées au détour des ruelles, à deux pas d’Alexanderplatz et du centre névralgique berlinois.
- Monsieur Vuong, un Vietnamien délicieux à côté d’Alexanderplatz, qui fait des pho avec des épices parfaitement équilibrées, un rappel parfait des bonheurs gustatifs d’Hanoi.
- Mustafa Gemus Kebap, à la station de métro Merhingdamm. LE kebab berlinois, selon Meryem, et des centaines d’autres personnes. Je n’avais jamais fait la queue pendant trois heures pour manger. C’est fait, et je peux dire que ça en valait la peine.
- Mogg & Melzer, dans une petite rue derrière la Neue Synagogue. Un pastrami incroyable, mon coup de cœur. Du bonheur dans la bouche, j’en ai les papilles qui frétillent rien que d’y penser à nouveau.
Enfin, ne pas oublier de prendre un peu de hauteur, et grimper sur le rooftop KlunkerKranich pour voir le soleil couchant. En haut d’un parking de supermarché, on trouve des cagettes, de la paille, quelques chaises et des tournesols. L’air un peu négligé et campagnard s’accorde parfaitement avec la vue à 360° que nous offre le lieu. Idéal pour commencer ses soirées, avant d’aller s’enfermer dans des bars underground.
Cette semaine s’est finie sur une note parfaite, au festival électro intimiste Lost in a moment dans un château paumé au milieu de nulle part, à une heure de route de Berlin. Une semaine à vivre la ville comme des locaux, au son de Bob Moses. Quelques jours, cela permet de prendre le temps de rentrer à l’appart en milieu d’après-midi si l’appel de la sieste est trop fort. Une façon d’être en vacances que j’acquiers petit à petit.
Okay, les copains, vous êtes bien plus top qu’un guide de voyage. Tu m’emmènes quand au Maroc Sarah?