Début juillet. Comme beaucoup de jeunes français, nous nous envolons pour Budapest, pour « enterrer » dignement la vie de jeune fille de notre amie Lydie. Organisé à l’avance à plusieurs mains, avec des informations glanées à droite à gauche, ce weekend entre filles s’annonce rythmé, sous un soleil de plomb. Notre petit groupe va parcourir les rues de la capitale hongroise pendant deux jours, laissant peu de place à l’improvisation.
Une bien belle découverte, où j’ai déjà hâte de retourner, à mi-chemin entre la beauté colorée praguoise et le côté chill et décontract’ berlinois.
Culture locale
Comme dans beaucoup de capitales, il faut marcher des heures dans les rues de Budapest pour en saisir l’ambiance. On loge en plein cœur du centre, dans le quartier juif, rue Kertész. L’escalier central de notre immeuble à deux étages me fait penser à celui de l’Auberge espagnole, le soleil barcelonais en prime. On en est pas si loin, le code du wifi de l’appart est « Erasmus ».
Afin d’avoir un aperçu de la culture et de l’histoire locale, on se joint au tour gratuit de 10h30 (des « Free Guided tour », guidés par un habitant du coin, ont lieu tous les jours dans quasiment toutes les grandes villes européennes, il suffit juste de se renseigner sur Internet pour le lieu de rendez-vous, et de donner quelques sous à la fin). Deux heures de balade dans l’ancien ghetto. On s’arrête longuement devant la synagogue, la seconde plus grande au monde, qu’on ne peut malheureusement visiter pour cause de shabbat. Le bâtiment est immense, mélange d’architecture catholique – avec un orgue énorme à l’intérieur – et musulmane, pour les deux tours minarets de la façade extérieure. La religion juive est présente dans les détails ornementaux. Ainsi que sur les tombes du jardin de la synagogue. Ce mix religieux est impressionnant, notamment lorsque l’on connait le sort subi par les Juifs hongrois pendant la Seconde Guerre mondiale. L’Allemagne nazie occupe le pays en 1944 et commence directement la déportation. Les convois stoppent en aout de la même année. Le ghetto de Budapest est alors créé, et à l’hiver 1944, on dénombre plus de 70 000 juifs enfermés dedans, dans des conditions épouvantables. Quelques mois plus tard, la ville sera libérée par les Soviets.
Les décennies suivantes ne seront guère meilleures pour la Hongrie. Cependant, presque trente ans après la chute du mur, on ne sent plus trop les influences de l’Union soviétique et la mise à l’écart de ce pays. La ville est certes sale par endroit, mais tout comme Marseille ou Rome peuvent l’être. Cependant, les couleurs de Budapest n’ont rien à envier à Prague et aux villes italiennes. Il parait que le Rubikub a été inventé ici, mais ce sont les couleurs ocres et celles du soleil qui dominent. L’atmosphère y est jeune, et dynamique. Les nombreux bars installés dans des immeubles en ruines – datant de la Seconde Guerre Mondiale, mais jamais réhabilités – sont des lieux complètement barrés, où la bière n’est pas chère et l’ambiance complètement folle. A coté du Szimpla Kert on trouve aussi des food courts, avec quelques petits camions vendant burgers, saucisses, et sandwich locaux.
Il y a également un quartier hipster, Konyha, avec cafés vendant salades de quinoa et légumes frais, comme toute capitale européenne qui se respecte.
Pour goûter au mets locaux, et non manger les même choses qu’à Paris, on suit les conseils des guides, et on dîne dans les restaurants qui ne payent pas de mine, mais où le goulash est à 3 euros (et la bière, ai-je besoin de le rappeler, à 2 euros): Frici Papa pour le premier soir, et Spinoza restaurant le lendemain. Dans ce dernier, où les plats servis sont tous plus appétissants les uns que les autres, notre groupe se jette sur le « floudeni », gâteau local de trois strates, au noix, au chocolat, aux amandes, au sucre. Le genre de gâteau qui te permet de partir marcher pendant trois jours. Délicieux.
Avant de rentrer à l’appartement, on erre pendant quelques kilomètres le long du Danube, jusqu’au Parlement, dans le soleil couchant. La beauté architecturale du Parlement me fait promettre de revenir, ne serait-ce que pour avoir cette fois l’occasion de le visiter. Kesenem Budapest.
Budapest entre filles
Qui dit EVJF – Enterrement de vie de jeune fille, pour les novices – dit activités de filles, entre filles. En plus des balades et des restaurants locaux décrits plus hauts, nous avons passé un après-midi dans un des bains de la ville. Budapest est une ville thermale depuis l’Antiquité: après que les Celtes aient découvert des sources d’eau chaude, les Romains les utilisent pour leurs thermes. Plus tard, ce sont les Ottomans qui construisent les premiers bains dont certains sont encore en activité, comme Kiraly et Rudas.
C’est ce dernier qui fait partie de notre programme. Situé entre colline et fleuve, on y trouve de tout, et surtout peu de touristes. Bains turcs chauds, saunas, hammams, piscines à températures diverses, piscine pour faire quelques longueurs, massages, et cerise sur le gâteau, petite piscine sur le toit avec vue sur le Danube. Quatre heures plus tard, à peine rassasiées, nous y serons encore, à profiter des derniers rayons de soleil sur la terrasse.
Enfin, qui dit weekend pour Lydie, dit vélo. Lydie, c’est mon ancienne coloc de Bordeaux avec qui j’avais parcouru le Médoc en deux roues, et avec qui surtout j’ai visité les châteaux de la Loire ces deux dernières années. On a donc prévu le coup, et dimanche matin on récupère une dizaine de vélos jaunes pour aller visiter les parties éloignées de la ville. Direction le Parlement, le Danube, puis Margit Sziget, une île-parc dans le cœur de la ville, plus petite que celles en aval. Les pelouses sont immenses, les hongrois viennent s’y reposer et pique-niquer. On tourne dans les allées, avec nos guidons jaunes, avant de s’asseoir à notre tour pour goûter au langos, ce délicieux pain local frit et dégoulinant d’huile, dont notre estomac se souviendra tout l’après-midi. Une petite limonade – boisson du weekend – et nous repartons vers Varosliget, un immense parc (où se trouvent les bains extérieurs les plus connus, Szechenyi). Au milieu de ce parc se trouvent également un château, quelques plans d’eau, des cygnes, et de nombreux arbres. C’est à cet endroit que nos routes se séparent et que je laisse les filles profiter d’une dernière soirée.
Il paraît que j’étais déjà venue, en 1992, lors de mon premier voyage au long cours. Je pense que je n’attendrai pas 25 ans à nouveau pour remettre les pieds à l’est de l’Europe…
Une belle idée pour un enterrement de vie de jeune fille… et de belles idées pour moi qui met le cap sur Budapest dans quelques semaines.
J’ai hâte d’y être ! Merci d’avoir partagé l’ambiance pour les futurs voyageuses et voyageurs.
Super destination que je conseille à tout le monde ! À Budapest pour un belle EVJF allez au 36O Bar ! Super terrasse, super accueil !
Budapest est une ville tellement agréable, j’avais adoré y passer un weekend entre filles. Je ne comprend toujours pas pourquoi elle n’est pas plus touristique. Mais on ne va pas s’en plaindre : ça nous laisse d’avantage de chances d’en profiter calmement. 🙂