Carnet de voyages en Nouvelle-Zélande, Europe et Amérique du Sud
Escale à Montréal

Escale à Montréal

Les six heures de vol ont fait office de sas de décompression, pour s’habituer à l’accent. Cependant c’est en sortant du métro, une fois débarquée, que je me suis vraiment sentie à l’étranger, dépaysée. Il nous fallait traverser un petit parc rempli d’écureuils pour rejoindre notre airbnb, en plein cœur du quartier du Plateau. J’avais la curieuse impression d’être à New York, au milieu d’East Village.
L’accueil de notre hôte, Sylvie, et son français à l’accent chantant m’a fait redescendre sur terre en deux secondes : je suis à Montréal. En Amérique du Nord certes, mais bien au Québec. Je ne sais alors pas encore si on « est bien mentalement, là », mais on a deux semaines de voyage pour faire en sorte d’y arriver.

Montréal, Québec

Seule métropole francophone d’Amérique du Nord, Montréal est très dépaysante, et totalement déstabilisante. On se fait avoir par l’architecture qui nous entoure, ses immenses buildings américains dans le quartier des affaires, et ses rues en bloc, maillant la ville à l’opposé de nos critères européens. Puis un « bonjour, ça va bien ? » nous interpelle, nous rappelant par ce petit tutoiement d’emblée, et notre langue maternelle, que l’on est bien chez nos cousins Canadiens du Grand Nord.

Le calme et l’ambiance cosmopolite me font du bien. Montréal est le lieu de rencontre privilégié des cultures européennes et américaines. Pas étonnant lorsque l’on connait l’histoire de la ville. Créée depuis 375 ans par Maisonneuve et Jeanne Mance – si l’on occulte les populations autochtones qui vivaient là avant – Montréal a été fondée en 1642 par les Français, puis s’est ensuite rendue aux Anglais, aux Américains, et à nouveau aux Anglais – la reine d’Angleterre est aujourd’hui encore à la tête du Canada. Malgré cela, la population francophone est toujours majoritaire au Québec. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la revendication de l’identité québécoise s’est développée à travers plusieurs mouvements, plaidant pour un Québec libre et indépendant. On nous fera bien comprendre pendant notre voyage qu’il ne faut pas mélanger le Canada et sa Belle province – surnom du Québec. Cependant, le brassage des origines suite aux dizaines générations de migrants au fil des siècles, depuis les premiers Européens, a donné la part belle à la langue anglaise, comme partout ailleurs. Et aujourd’hui, les Québécois – fervents défenseurs de la langue de Molière, comme on n’en trouve plus en France – pestent sur ces Montréalais qui parlent de plus en plus en anglais, alors que les Montréalais pestent contre ces Français qui les envahissent.

Le Plateau

On les trouve tous rassemblés dans le quartier du Plateau, ces Français. Très vivant, ce quartier a été réhabilité il y a plusieurs années et déborde de cafés à la devanture colorée, restos branchés, friperies, et épiceries disséminées dans les petites ruelles. Il ressemble finalement à beaucoup de ces quartiers tendances en France, en Europe et ailleurs, avec des restaurants à la déco minimaliste, de petites boutiques indépendantes, et des murs entiers peints par des artistes street art locaux.

La caractéristique du Plateau, ce sont ses escaliers extérieurs. Les maisons sont rarement plus hautes que deux étages et ont toutes un escalier extérieur, reliant le trottoir à la porte d’entrée du premier étage. Chaque forme est unique, droite ou en spirale, en colimaçon, en bois, rempli de plantes, ou en fer forgé. Ils auraient été placés à l’extérieur pour maximiser l’espace habitable, et diminuer la surface à chauffer l’hiver. Peu importe la raison, ils sont magnifiques. Cette enfilade d’escaliers et de petits jardins rend les rues de Montréal bucoliques, et on ne se lasse pas de parcourir les quartiers pendant des heures.

Les bonnes adresses de Montréal

Ces trois jours à Montréal nous ont usé les souliers. Avec Alex – une amie du running également, avec qui j’ai partagé ces deux semaines de roadtrip québecois – on a marché chaque jour une vingtaine de kilomètres, le nez en l’air à arpenter les quartiers du Plateau, du Mile End, du Vieux, ou le Canal Lachine, à la recherche des bonnes adresses filées par les amis sur place, et Justine.
Nous nous sommes retrouvées aux Vivres – délicieux petit restaurant vegan – sept ans après notre première rencontre à Auckland, dans « l’autre pays cool de la planète », comme me l’avait alors si bien dit Taylor, Canadien. Mon envie de venir vérifier ses dires date d’ailleurs de cette époque.

Justine vit ici depuis plus de quatre ans. Habituée des us et coutumes, elle passe plusieurs heures à nous trimbaler d’une rue à l’autre, de la cathédrale Notre-Dame au marché Atwater. Entre deux anecdotes, je note quelques adresses. Les Québécois ont la particularité d’avoir de très bonnes microbrasseries, dans lesquelles ils brassent des bières originales – aux accents de kumpkat, agrumes, ou épices. Le goût est original, le design de leurs étiquettes souvent artistique, tout comme les noms, qui invitent au voyage. Disco Soleil, Rosée d’Hibiscus, l’Artémis, la Peau de lièvre, etc. Chaque journée de ce voyage a été l’occasion d’une nouvelle dégustation. La brasserie de Montréal s’appelle Dieu du Ciel, calées sur une petite terrasse au soleil couchant, on ne sait pas encore que cette IPA au kumpkat va nous accompagner bien au-delà de la métropole. 
Au cours de nos pérégrinations, nous testons la fameuse poutine locale à Frites alors, bien grasse et bien lourde, la douceur du pain et du cream cheese de Fairmont Bagel, l’originalité de la glace litchee-framboise-rose de Kem CoBa, les bons cafés aux accents de Wellington en terrasse, la viande grillée de Schwartz’s Deli, les bleuets, les fraises de saison et tout ce qu’on nous laisse goûter sur les stands du marché Jean Talon. Le weekend se complète en arpentant les parcs du Mont Royal et de Jean-Drapeau, où la chaleur locale et le soleil nous invitent à nous à la farniente. Sieste ou pas, on entrouvre tout de même les yeux à chaque écureuil qui accoure devant nous, même lorsque c’est le trentième de la journée.

Au bout de trois jours, et grâce à notre l’hospitalité incroyable de notre hôte, on commence doucement à se familiariser avec la gentillesse des Québécois, et leur accent – aux notes de François Morel dans les Deschiens – qui nous amène quelques malentendus, notamment quand on nous propose « du jus » et que l’on se retrouve avec un alcool anisé dans notre café, à trois heures de l’après-midi. Afin d’éviter cela, Justine nous donne quelques mots de vocabulaire avant de nous laisser partir dans le Nord. On a pour mission de caler « pogner » ou « calisse » dans nos futures conversations avec les locaux.

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