Ma bouffée de soleil automnale s’appelait Séville cette année. Alex avait lancé l’idée, et après une énième annulation de vacances, je me suis décidée l’été dernier à prendre mes billets, pour anticiper sur une belle échappée en novembre. Cinq jours au soleil ne pourraient pas me faire du mal, surtout pour pratiquer mon espagnol. Depuis, la vie c’était relancée comme jamais, et je n’avais pris le temps ni d’écrire, ni de trier les photos. C’est chose faite avec l’immobilisation forcée de ces derniers jours, je trie les derniers souvenirs, en attendant de planifier les prochains voyages.
Cordoba bianca
A cause d’histoires complexes de vols qui ne sont pas les mêmes entre Lyon, Paris et l’Andalousie, je suis arrivée seule à Cordoue, la veille. J’avais tiré au sort les villes à visiter en Andalousie: il me fallait une ville à taille moyenne, andalouse, et mignonne. Cordoba me semblait tout à fait approprié – et j’ai donc gardé Grenade pour une prochaine fois. .
Cordoba bianca, la ville blanche. On se croirait à Santorin, la mer en moins. J’avais choisi une petite auberge aux murs immaculés, avec terrasse ensoleillée – et oranges pressées au petit déjeuner. Depuis ce cocon douillet, j’ai pu rayonner pendant deux journées. La ville n’est pas grande, mais le programme peut être vaste. Direction la Mezquita à 8h30, dès l’ouverture, quand elle est encore gratuite. La mosquée cathédrale est immense, impressionnante avec ses centaines de colonnes rouges et ocres. Au milieu des nombreuses coupoles se trouve un autel, avec ses magnifiques arabesques maures. Il est encore tôt, la lumière du matin se faufile entre les piliers, éclairant ça et là quelques dalles.
J’enchaîne avec un tour gratuit, comme souvent dans mes voyages, pour en apprendre plus sur l’histoire de la ville. Cordoue est indissociable de l’histoire des religions, qui l’a façonnée, à l’image de sa mosquée devenue cathédrale, puis devenue musée. On s’y perdrait, et je m’évade par moments jusqu’aux confins d’Istanbul.
J’attends les derniers rayons du soleil pour visiter l’Alcazar – gratuit, encore. Je déambule dans les jardins, avec ces rangées de fleurs encore écloses à la mi-novembre, au milieu des bassins et des jets d’eau. J’ai oublié l’histoire des souverains qui vivaient là, mais avec les couleurs du coucher de soleil, cette escapade prend des airs de vacances.
Sans retenue aucune, j’ai multiplié les tortillas au comptoir du bar Santos, devant l’Alcazar, accompagnées d’un délicieux salmorejo, ce gaspacho andalou crémeux. S’en est suivi une soirée improbable, grâce à une Française qui m’avait entendu parler à ma mère au téléphone, et qui m’a embarquée boire des bières locales avec des énergumènes locaux. L’improvisation et les rencontres éphémères, plaisirs incommensurables du voyage. J’en ai même oublié cette année 2019 qui m’avait filée entre les doigts.
Séville l’andalouse
Puis les amies m’ont rejoint. Alex, Julie, Clémence et Gladys, une bien belle équipe. Le weekend de la bouffe a alors commencé, ponctué de quelques visites culturelles. Croquetas au jambon et fromage, salmojero, tortillas, fromage de brebis, jamon ibérique, tapas divers et variés. Il fallait tout goûter, avec toujours une petite glace, pour faire descendre le tout, surtout celles de Creeme Helado.
J’aimerais dire « lo que pasa en Sevilla se queda en Sevilla », mais ce serait faire offense à l’ambiance si agréable qu’on y a trouvé. On a bougé les chaises à la Alameda de Hercules pour faire de la place à notre début d’apéro, qui s’est terminé dans un bar dansant diffusant du reaggeaton à pleine balle. On s’est installé pour dîner sur les tabourets de Banadera tard le soir, pour faire comme les locaux. Et on a marché des heures. Depuis la boulangerie Crustum, jusqu’au marché pour tester une paella noire, pour finir au pied de notre appartement à Rinconcillo. On a remis ça le lendemain, après être allées courir le long du fleuve. Nos pas nous ont portés au Metropol parasol, tout en haut des nombreuses marches de la Cathédrale, et à la Plaza Espana, tandis que nos ventres nous ont ramené à l’Espacio Eslava et ses oeufs incroyables, et à d’autres terrasses ensoleillées dont j’ai oublié le nom. Entre deux fous rires, j’ai appris que Clémence pourrait vivre dans un citron, et qu’aucune de nous cinq n’était faite pour danser le tango.
On est quand même allées vérifier ce dernier fait lors d’une magnifique soirée à la Carboneria, ponctuée de claquements de doigts, et de chants éplorés. Sur un banc deux hommes. L’un gratte la guitare, l’autre se met à chanter de cette voix si particulière qui rassemble tous les malheurs de la terre. Une jeune fille au long cheveux bruns se place sur une petite scène en bois, et commence à danser. Qui du chant ou la danse guide l’autre? Difficile à dire, mais il y a toujours ces claquements de mains qui ponctuent le rythme. Pas de sourires, jupes noires et austères, l’atmosphère est tendue. Les textes parlent de douleur et chaque chant est un pleur. Je ne saurais dire si c’est beau, mais l’Histoire qui passe à travers cette musique – et cette mise en scène – m’émeut et me transporte.
Difficile de se transporter aujourd’hui, dans ce contexte confiné et compliqué, où on a tendance à annuler tous nos billets d’avion, mais comme à chaque fois j’avais emmagasiné les souvenirs dans les bagages du retour – rangés à côté du turron – et c’est très agréable de les ressortir en ce moment.
J’étais là juste avant la crise et je dois dire que j’ai adoré! Cependant j’y ai passé 1 semaine et non seulement un week-end! C’est un endroit magnifique et avec tlelement de charme! ♥♥