J’ai quitté le Pérou, après un mois. Et je suis arrivée au Chili, enfin.
A peine mon passeport tamponné, les différences entre les deux pays me sautent au yeux: les conducteurs laissent passer les piétons en ville, il y a des supermarchés partout et on voit à nouveau des jeunes et des familles faire du sport. En contrepartie, les prix ont triplé, on voit à nouveau des SDF dans les rues et les parcs, et le regard des mecs sur les femmes est plus pesant. Je ne sais pas encore si j’arriverai à m’habituer à l’accent et à la nourriture, moins bonne et bien plus chère qu’au Pérou, ni si le pays m’enchantera autant que ceux que j’ai traversés avant, mais le calme et le retour des repères occidentaux fait étonnement du bien.
Mon objectif est de rejoindre San Pedro de Atacama au plus vite. J’ai rendez-vous au milieu du désert chilien avec des Français, avec qui je vais voyager un peu. La route est longue pour y arriver. Seize heures de bus, un passage de frontière, 24h express à Arica – ville frontière, et encore douze heures de bus, c’est ce qu’il me faut pour me retrouver à nouveau sur les altiplanos, à quelques kilomètres de la Bolivie. Enfin.
San Pedro de Atacama
Contrairement à Tilcara, de l’autre côté de la frontière, on ne trouve pas de cactus ici. Atacama est une petite oasis, installée au milieu du désert. Quelques arbres, des dizaines d’hôtels et de restaurants, beaucoup de touristes. Il y a une rue principale, bordée d’agences qui proposent toutes pleins de tours dans les environs, et la traditionnelle place des Armes, avec son église en terre cuite et sa fanfare, qui joue – enfin – très bien. Ma fatigue du bus de nuit passée, je retrouve Alex et Anaïs, deux Parisiennes rencontrées à Cusco. On prend le temps de se raconter nos aventures depuis le Pérou – et de nous trouver des connaissances communes en France, autour d’un Pisco sour (chilien) et d’un empanadas XL, avant de se quitter jusqu’à la prochaine rencontre, qui devrait être plus au Sud.
Le lendemain, après avoir été rejointe par François, nous croisons par hasard Théo, attablé en terrasse. Les mecs s’étaient quittés à la Paz une semaine plus tôt, sans vraiment se tenir au courant sur la suite. On a donc fêté ces retrouvailles autour d’une bière pour l’apéro – comme à Huaraz, avant d’aller engloutir un burger – le meilleur du voyage. Que dit-on déjà? Que les rencontres font le voyage? Qu’il faut suivre son instinct car c’est de cela que découlera mon voyage? Peu importe, je suis en bonne compagnie, l’aventure chilienne peut commencer!
La Valle de la Luna
Le Chili est cher, San Pedro de Atacama est très cher. Prendre des vélos reste donc le moyen le plus éonome pour visiter la région (ou louer un 4×4 à plusieurs, car il ne reste à s’acquitter que des entrées aux parcs). On en a donc pour 3000 pesos chiliens chacun, pour le kit vélo+casque+veste jaune fluo+lampes avant et arrière. On n’est plus au Pérou, la sécurité semble plus présente, les bons freins aussi.
Seize kilomètres aller, seize retour. Roule ma poule. Sur une route chaotique et aléatoire, qui renforce les fessiers, sinon ce n’est pas drôle. A peine sorti de la ville, on rentre dans la vallée de la Lune. Il nous faut payer l’entrée au parc, et très vite notre route, ou devrais-je dire la piste que nous traversons, faite de cailloux et de sable au-dessus du goudron, ressemble à un canyon. Des formations rocheuses rosées et orangées nous entourent. On fait quelques arrêts en chemin, pour se perdre dans les dédales de roche. Le soleil tape fort, et la sécheresse du désert me brûle les narines. Et pourtant, là-haut, sur le plus haut sommet du parc, perchés à attendre la fin du jour, il commencera à faire froid. Les rayons du soleil se confondent avec le sable, et les couleurs évoluent doucement dans ce ciel sans nuage. Un nouveau coucher de soleil, qu’on finira d’admirer sur nos vélos, sur la route du retour, face au Volcan Licancabur, devenu complètement rose.
Laguna Cejar
On avait décidé de ne faire qu’une seule excursion, après avoir remarqué que notre budget était passé de 25€ par jour en Bolivie, à 60€ ici, sans rien faire de spécial. La Laguna Cejar ne coûtait pas grand-chose, 15 000 pesos pour aller se baigner dans une lagune, avec apéro au coucher du soleil. Sauf qu’une fois sur place, on a découvert qu’on devait à nouveau payer la même somme, pour rentrer dans le parc. 20€ pour se baigner dans une lagune, aussi cher que pour un parc aquatique! Merci encore aux vendeurs du tour qui ont omis ce petit détail, on en prend note pour les prochains: au Chili, il faut toujours demander combien coûte l’entrée dans les endroits que l’on va visiter, même si c’est public.
Bon, une fois que l’on a dit cela et que l’on a râlé pour la forme, on se baigne. On a payé, donc on en profite. La laguna Cejar a comme particularité d’être très salée, presque comme la Mer morte. Il y a 370g de sel par litre, soir 8% de sel en plus que dans le Pacifique (qui est l’océan le plus salé sur la planète). Autant dire que l’on y flotte! Impossible de couler. J’ai eu beau essayer de me tenir debout, mes jambes remontent toutes seules à l’horizontal. Par contre, inutile de préciser qu’une douche est nécessaire après un tel bain ! Il y a une telle concentration de sel sur mon corps que cela devient presque compliqué de plier le coude.
Le guide nous emmène ensuite à la Laguna Tebenquiche, pour admirer le coucher soleil sur la Cordillère des Andes. Notre verre de Pisco à la main, il nous explique que cette lagune est l’un des seuls endroits au monde où subsistent encore les premières cellules vivantes des organismes. Ou tout simplement, l’origine des êtres vivants. Le ciel se colorant de rose et bleu, je n’ai aucun mal à imaginer un des premiers matins du monde à cet endroit précis.
Un tour dans les étoiles
Je suis venue dans le désert d’Atacama pour admirer les étoiles. Avant de partir, j’avais lu des articles sur le projet international ALMA, et sur cet astronome français Alain Maury, un passionné du ciel qui s’est installé dans le coin et qui y a construit ses propres télescopes. Pour accéder au projet ALMA, c’est possible mais il faut s’y prendre bien à l’avance – ce qui n’a pas du tout été notre cas. Sinon, pour faire 2h30 de sensibilisation au ciel de l’hémisphère sud avec Alain Maury, il faut juste éviter la semaine de la pleine lune, et réserver une séance une fois arrivé à San Pedro de Atacama.
C’’est ce que nous avons fait, et c’était incroyable. Je crois que cela restera une des plus belles et plus intéressantes excursions depuis le début de mon voyage.
Il n’y avait aucun nuage. La lune ne s’est pas levée pour nous, nous laissant profiter d’un ciel « pur » jusqu’au bout. La première étoile de la constellation d’Orion a montré le bout de son nez vers 22h. La ceinture était haute dans le ciel lorsque l’on est remonté dans le bus, passé minuit et demi.
Ici le ciel est moins pollué qu’en Europe. Tous les scientifiques viennent y faire leurs observations. Nous avions toutes les étoiles du Sud pour nous. Pendant deux heures et demi, nous nous sommes juste amusé a comprendre où se situait le Sud, dans ce niveau du 23ème parallèle, en repérant les deux nuages de Magellan, et tracer un triangle et là est l’équivalent de l’étoile polaire. La grande Ourse était sous nos pieds, tout comme la Croix du Sud, qui ne sortira que dans un mois. Aux télescopes, nous avons pu observer la nébuleuse des Pléiades, petit nuage d’étoiles clignotant. Et la rougeur de Mars, et les anneaux de Saturne.
J’ai appris que l’Etoile polaire, notre référence, n’est pas la plus lumineuse, mais juste une étoile ne bougeant pas, servant donc de point de repère pour le Nord. Par contre, je suis incapable de tout ressortir ce qu’Alain Maury nous a appris pendant tout ce temps passé avec lui. Mais comme souvent, je suis repartie avec des étoiles plein les yeux, et l’envie de creuser un peu plus notre ciel.
Tips numéro 14: si vous voulez inviter vos potes au resto, faites-le plutôt au Pérou, ou en Bolivie. Le retour du verre de vin à 5€ et du menu à 15€ fait mal, très mal.
Un plafond d’etoiles 🙂 merci pour ces photos.
Hé hé de rien, ça reste un souvenir incroyable ce Nord du Chili 😉