Après plusieurs jours au Chili, il était temps de retourner en Argentine. Pauline m’a rejoint depuis fin décembre. Après Marseille, Melbourne et Budapest, nous voici encore réunies, sur un nouveau continent. Nous ne passerons pas beaucoup de temps ensemble, elle part découvrir la Patagonie. Mais avant de se quitter, on avait une frontière à traverser.
Majestueux Aconcagua
Je ne pouvais faire ce voyage lié aux Andes sans m’arrêter au pied de l’Aconcagua, le plus haut sommet de la Cordillère, et du continent. La « sentinelle de pierre » comme l’ont appelé les Quechua, culmine à 6962 mètres de haut. Lorsque l’on passe la frontière on ne voit que lui, enneigé au dessus de nos têtes. On remonte dans le bus. Au milieu des canyons, la route est magnifique pour descendre à Upsallata. Il fait déjà chaud, je retrouve l’ambiance de Salta et les couleurs sèches des montagnes qui nous entourent.
On s’arrête pour deux nuits à Upsallata. Cette petite ville qui ne paye pas de mine est un bon point de chute pour revenir vers la sentinelle. Le lendemain on remonte vers la frontière, en s’arrêtant à los Hocornes, l’entrée du parc national. Pour accéder au camp de base de l’Aconcagua, à Confluencia, il faut débourser 17€ de droit d’entrée. Comme à Torres del Paine. Tout cela pour cinq heures de marche et quelques centaines de mètres de dénivelé. Là-haut il nous nargue, comme le vent qui souffle depuis ce matin. Mais pour atteindre son sommet il me faudrait une bonne dizaine de jours de plus et débourser 3 000 euros. On reviendra un jour. Peut-être. En attendant on l’admire depuis en bas et on continue tranquillement notre rando.
Mendoza et ses vignes
Cette ville n’a aucun intérêt. Grande, et tranquille, très tranquille, il fait très chaud dans la troisième ville d’Argentine. Il n’y a rien à y faire en plein été. Tous les étudiants ont déserté la ville, les piscines sont réservées aux seuls membres des clubs.
La seule chose qui est intéressante ici, c’est le vin. On ira donc faire le tour des domaines en vélo. Par contre, rien à voir avec le tour des châteaux de la Loire. Ici, c’est juste une rue que l’on parcourt pendant dix kilomètres pour aller de bodega en bodega. C’est comme ça que nos roues nous ont porté vers la bodega de Carinae. C’est un couple de Français qui est propriétaire de ces vignes, ayant décidé il y a plusieurs années de rénover le domaine – les vignes étaient en bon état – et de commercialiser les bouteilles. Dans la région, il n’y a rien de natif, tout ce qui a été ramené dans ce climat semi-désertique l’a été pour l’agriculture. Dans la ville on trouve des canaux qui permettent d’acheminer l’eau jusqu’aux terres cultivées. C’est ce climat qui permet au Malbec d’être aussi bon ici. Le meilleur du monde, selon les Argentins. Leur explication tient au fait que le Malbec préfère souffrir, comme eux avec le tango. Tout simplement. Mon beau-frère dirait que c’est un gros vin qui tache, vu que les sols de la région ne gèlent jamais.
L’autre différence, en dehors du climat, c’est que dans le « nouveau monde », comme ils disent, on appelle les vins par le cépage, et non par le nom de la région, comme en Europe. En tout cas, cela m’a donné envie de faire les vendanges chez eux, en mars-avril, pour en apprendre plus. Dommage que je ne suis pas disponible à cette période… Et j’ai pu vérifier que, comme en Nouvelle-Zélande, quand il s’agit de vin, c’est la France qui prime. Les barriques viennent de chez nous, le savoir-faire aussi. L’odeur aussi. Cette odeur de cave, qui m’a transportée loin, dans le fin fond de la Sarthe, à une époque où je ne mettais que trois grappes de raisin dans mon petit panier, et je mangeais le reste.
Après avoir goûté à plusieurs Cabernets, Malbec et assemblages, huiles d’olives et dulce de leche, on est reparties. Tant bien que mal, sur nos vélos. Adios los Andes, qui sait quand on se reverra.
Tips numéro 25: toujours goûter le vin étranger, et quitter un peu cette fierté de Français à dire que le nôtre est meilleur. Parfois hein, parce qu’il n’est pas tout le temps meilleur!